Présenté comme l’un des événements majeurs au dernier E3, le dernier titre de Remedy ne fait pas dans la dentelle. Un scénario très abouti, une mise en scène parfaitement maîtrisée alliée à des scènes d’action explosives font de Max Payne un bulldozer bien décidé à surpasser ses concurrents dans un genre où la boucherie gratuite et répétitive domine.

Question mise en bouche, les premières cinématiques dressent rapidement un état des lieux des plus noirs. Un appartement saccagé, un bébé transformé en torche brûlante, une femme trucidée. Bref, il n’en fallait guère plus à Max Payne, flic infiltré dans la mafia new-yorkaise, pour endosser le rôle de justicier solitaire et entamer sa vendetta personnelle. Malgré le manichéisme primaire façon seul contre tous, Max Payne réussit avec brio à éviter les écueils habituels de ce type de soft. Si la mission principale consiste encore une fois à dégommer à toute berzingue, le jeu de Remedy est avant tout une exceptionnelle compile de clins d’oeil. D’un Flic dans la mafia au Parrain, de Matrix à Seven, d’Humphrey Bogart à Sin city de Franck Miller, c’est tout le petit monde glauque du polar qui s’est donné rendez-vous pour une symphonie pour un massacre. Un monde où la descente dans les enfers de la Big Apple se ponctue de cinématiques parfaitement intégrées, d’un graphisme bande dessinée noire à souhait, et d’une voix off rappelant l’âge d’or du polar américain. Immersion garantie : chaque prologue rejoue le massacre familial, obligeant Max Payne à errer sur les traces de sang laissées par son enfant. Bref, un sale flip sous acide psychotique.

Histoire d’en rajouter une couche, le gameplay s’éloigne des traditionnels gun fights à la Tomb raider (dans la plupart des cas, courir autour de son adversaire, sauter à tout va et essayer tant bien que mal de le dégommer) pour goûter aux joies d’un nouveau procédé révolutionnaire à plus d’un titre, le « Bullet Time ». Dans la pratique, cette nouvelle conception du gameplay s’inspire des ralentis façon John Woo, où les personnages dans un état de quasi apesanteur virevoltent dans les airs, s’échangeant quelques bonnes bastos. Quelle utilité ? Gérer au mieux les affrontements contre plusieurs adversaires puisqu’il est dès lors possible de plonger, échapper à une rafale de mitraillettes et ajuster tranquillement son shoot en direction de l’adversaire. Un résultat à l’écran jubilatoire où les affrontements donneront lieu à des chorégraphies mortelles de toute beauté. Ajoutez-y des impacts de balle détaillés, des douilles qui s’éjectent, des armes en pagaille et vous obtenez des combats esthétisés au possible.

La réalisation graphique est à l’avenant. Des bas fonds de la ville aux poursuites sur les toits, sans oublier un ou deux passages à tabac dans le métro, la modélisation est quasi sans faille, agrémentée d’une bande son adaptée à l’atmosphère glauque du lieu. Un jeu qui frôle donc la perfection. Hélas, sa durée de vie est une peu faible. Pas plus de dix heures de jeu intense pour le hardcore gamer qui terminera ce voyage au bout de l‘enfer sans grande difficulté. Reste la possibilité de recommencer son périple en mode plus hargneux ou chronométré.