On s’est souvent efforcé de défendre les gameplay basiques, derrière lesquels se cachaient des trésors de complexité et d’inventivité. On devrait donc aimer Kirby air ride, ce simili-clone de Mario Kart dont la jouabilité, aussi minimaliste que le physique de la célèbre mascotte de Nintendo -une sorte de PacMan… gay-, se voudrait le chantre de l’action contextualisée. Un seul bouton à utiliser, en plus du stick, dont les effets varient suivant la situation, un seul bouton pour tout faire : freiner, booster, récolter des bonus, les utiliser, et déclencher certains mécanismes éparpillés sur la piste. Le pari était risqué, le résultat est indubitablement déroutant, difficile d’accès. Un peu bancal, aussi, puisque chaque action, y compris l’accélération, implique un léger freinage du véhicule. On a vu plus logique. Le premier contact avec Kirby air ride est donc plutôt agaçant, le jeu ne se laisse pas dompter à la légère et, comble de la perversité, il propose trois modes de jeu radicalement différents qui offrent chacun leur propre lot de frustrations et de maniabilités boiteuses. Pour outrepasser cette réticence, il faut donc envisager le jeu comme une « proposition de gameplay » de la part de ses développeurs, à laquelle on n’est pas obligé d’adhérer. Sous cet angle, Kirby air ride n’est plus mauvais, il est juste « spécial ». Ca ne suffit pas à en faire une killer-app mais on pourrait citer quelques jeux (au hasard GunValkyrie, ou P.N.Ø3) qui sont parvenus à faire oublier leurs délits de sale maniabilité en jouant la carte de l’originalité.

Problème : Kirby air ride ne bénéficie pas de la même aura hardcore-gaming que les deux titres pré-cités et, surtout, c’est un produit multi-joueurs. A plusieurs, il risque de ne pas faire l’unanimité vu le douloureux apprentissage auquel il faut se plier pour en maîtriser toutes les arcanes. En solo, le jeu de HAL Laboratory (studio déjà responsable de Super smash bros. melee) dévoile peu à peu ses richesses, à travers un système de mini-objectifs à remplir plutôt bien troussé pour les joueurs les plus persévérants. De ce point de vue là, Kirby air ride loupe le coche : face à une concurrence multi-joueurs sévèrement burnée sur le GameCube, il ne fait pas le poids, pas assez accessible et convivial. Mais en forçant un peu sa nature multi et en l’envisageant comme un jeu pour solitaires pervers et un peu masochistes, on peut lui trouver un certain charme, de plus en plus évident sur la longueur, et un certain mérite à naviguer à contre-courant…