On était en droit d’attendre un minimum de Halo wars. D’abord parce que l’idée d’adapter sur console un genre où la valeur d’un joueur se mesure en clics de souris par seconde était en soit alléchante. Et parce que la tâche incombait à Ensemble Studio (Age of empires), spécialiste du jeu de stratégie accessible. Le développeur texan allait-il réitérer l’exploit accompli par Bungie, et ouvrir de nouvelles perspectives au genre ?

Originellement pensé comme un jeu de stratégie, Halo-le-FPS tenait avant toute chose du pur exercice de game design. En travaillant à un degré chirurgical l’interaction entre le moteur physique, l’intelligence artificielle et les possibilités de jeu dans des environnements ouverts, Bungie accouchait, presque par accident, d’un FPS. Trompé par son expérience, Ensemble Studio ne trouve jamais le courage d’opérer le travail de déconstruction nécessaire dans ce genre d’exercice. Il s’échine à concevoir un jeu de stratégie PC puis charcute, supprime tout ce qui pourrait empêcher son jeu de rentrer dans le moule console.

Résultat : le trop grand déséquilibre qui s’exprime entre les différentes unités (les soldats et les chars sont beaucoup trop puissants) suffit à anéantir toute perspective stratégique. Dans ces conditions, Halo wars s’apparente à un abécédaire du jeu de stratégie qui se serait arrêté à la lettre B. Et il ne faudra pas compter sur la présence de mode de difficultés supplémentaires ou sur le jeu en ligne pour épicer l’affaire. Bien au contraire : toutes les lacunes d’un game design claudicant où chaque élément de gameplay semble avoir été inséré sans aucune réflexion préalable sur sa justification ou sur ses conséquences au sein du système de jeu, s’en retrouvent exacerbées.

Malgré une campagne bien rythmée et des objectifs inspirés, ce constat d’échec est fatal à Halo wars. Bien sûr, on pourra toujours objecter que le jeu d’Ensemble Studio n’est qu’une simple vulgarisation adressée à un public profane, y voir un choix délibéré d’un développeur qui n’oublie jamais à qui il s’adresse. Mais même pris en tant que tel, le titre d’Ensemble peine à insuffler une dimension épique dans ses batailles, la faute à une bande sonore sous-mixée qui n’arrive jamais à imprimer l’action. Et puis ce serait oublier que dans ces niveaux de difficulté les plus passionnants, la saga Halo s’est toujours appliquée à proposer une expérience intense, invitant le joueur à mesurer ses gestes et à évaluer constamment la situation. Parce qu’un niveau de Halo 3 en « Légendaire » comporte plus de stratégie que tout Halo wars, on préfèrera rejouer à l’Alliance Covenant (fabuleux chapitre 7 de Halo 3) et ranger définitivement ce jeu de stratégie sans stratégie « skiné » à l’univers Halo.