A ma droite, Capcom et ses « suites de suites de dérivés de sequels de Street fighter 2« . A ma gauche, SNK, inoubliable et défunt éditeur Neo Geo de King of fighters, (R.I.P.). Les deux leaders incontestés de la baston 2D ont fini par fusionner, à travers Capcom vs. SNK 1 et 2, mètre étalon du fight old-school. Victoire par K.O., faute de concurrents. C’était sans compter la présence d’un petit éditeur au patronyme pour le moins… inhabituel, Sammy, créateur d’une licence qui, si elle n’est pas parvenue au même degré de popularité que les « capcomeries » habituelles, s’est payée un joli succès d’estime : Guilty gear. Après un passage remarquable sur la Dreamcast, le second volet, Guilty gear X débarque sur PlayStation 2 pour un résultat un peu plus mitigé.

Quand on veut piétiner les plates-bandes de l’adversaire, nul besoin de rechercher l’invention, ou l’innovation, il suffit de le pomper outrageusement. Guilty gear X reprend les bases du street fighting à l’ancienne : arcs de cercle qui font mal aux doigts, combos, super combos. RAS pour les thuriféraires de la baston old-school. Mais Guilty gear X a le mérite de se poser comme une alternative efficace aux resucées intempestives du hit historique de Capcom. S’il ne parvient pas à créer de figures mémorables du niveau de Ryu, Ken, Guile ou Chun-li, le jeu propose un chara-design de grande qualité, puisant parfois son inspiration parmi les grands classiques de la japanim’, de Kenshin à Utena. Des personnages en haute résolution -un plus comparé aux bouillies de pixels des Capcom vs. SNK-, terriblement charismatiques malgré un manque flagrant de cohérence et le peu de combattants disponibles. La palme du n’importe quoi revenant sans doute à May, la fillette se battant avec une ancre de bateau et invoquant dauphins et baleines pour écrabouiller son adversaire ; ou Millia, qui mitraille ses adversaires avec sa chevelure. Complètement crétin mais diablement efficace. Côté décor, rien à redire, bien qu’un peu statiques et pas toujours très originaux, les backgrounds sont magnifiques et hauts en couleurs. Les musiques, pour la plupart heavy-métalleuses en diable, à s’en faire exploser les tympans, recueilleront sans doute moins de suffrages mais on peut reconnaître qu’elles collent plutôt bien à l’action excessive du soft.

Finalement, en privilégiant l’arme blanche par rapport aux inévitables kick’n’punch, Guilty gear X pourrait presque passer pour le Soul calibur de la baston 2D, un jeu qui pourrait être indétrônable s’il n’était pas aussi mou du genou. En effet, à l’instar de Capcom vs. SNK sur PS2, Guilty gear X euro ne propose qu’un mode 50Hz -optimisé plein écran, ce qui est déjà ça de gagné. Bridé, le hit de Sammy perd de ce dynamisme qui fait le petit plus des fights 2D par rapport à leurs homologues 3D. Ceux qui vouent un culte à la série feraient sans doute mieux de tenter d’acquérir la version Dreamcast en import, plus accomplie, plus vive, donc plus extatique. Les autres peuvent toujours calmer leur impatience avant l’arrivée de la grosse artillerie 3D en goûtant les joies de la nostalgie d’un genre qui n’a sans doute pas encore dit son dernier mot.