« Pour assurer la promo de ce jeu, on voulait encastrer une voiture dans un magasin, façon Hollywood, mais vu le contexte… c’était pas jouable », explique le directeur marketing de Take 2 Interactive. La sortie de GTA III s’est donc fait discrètement. Et pour cause : le précédent épisode avait ulcéré les syndicats de police et les associations familiales bien pensantes. Mais qu’a t’il donc de si particulier, ce jeu, pour effrayer autant les bonnes gens ? Du souffre, de la provoc’, beaucoup d’immoralité. Pas mal de cadavres aussi. Beaucoup d’armes et un peu de drogue, enfin.

Normal puisqu’il s’agit ici de jouer le bad boy dans une ville corrompue à souhait. La petite frappe que l’on incarne cherche le fric et la castagne facile, les belles voitures et les prostitués. En arrivant à Liberty City, il ne pouvait pas mieux tomber : les quartiers sont partagés par des gangs rivaux -ritales, colombiens, triades, yakuzas, hispaniques, rappeurs et rastas- qui s’entre-déchirent et arpentent les rues armes au poing ou dans des caisses rutilantes. La misère gangrène cette ville en déliquescence tandis que la corruption et la malhonnêteté finissent de contaminer les rares pâtés de maison encore à peu près salubres. Les clodos, petites vieilles revenant de leurs courses, putes et maquereaux se flinguent à tout va dans les rues, de jour comme de nuit.

La ville, totalement reconstituée en 3D, s’avère beaucoup plus intéressante et crédible que celles découverte dans Driver, Midtown madness ou encore Crazy taxi. Marcher à pied, c’est fatiguant, et les transports en commun ne sont pas « safe » : mieux vaut voler une caisse. Pick-up, voiture de sport, camionnette, truck, limousine, bus… on a le choix. Et c’est facile. En deux temps trois mouvements le conducteur est éjecté de sa voiture et le paradis attend le héros qui compte bien faire son trou en travaillant pour tous les gangs. Façon Clint Eastwood dans Pour quelques dollars de plus. Attention, personne n’est à l’abri d’une incivilité, le joueur risque lui aussi à tout moment de se faire chourrer son véhicule ! Mais que fait la police ?

Un soin tout particulier a été apporté aux missions qui permettent de franchir à chaque fois, de manière didactique et assez amusante, un pas de plus vers le grand banditisme virtuel : battre les latinos à la course, transporter un macchabée dans une voiture qui finira broyée, amener des prostituées au bal des policiers, attaquer et détourner un fourgon blindé rempli d’argent, piéger un camion de glaces où un chef rital se fournit, descendre une ponte chinoise… Les passages à l’hôpital (si l’on meurt) et au commissariat (si les flics font du zèle) n’ont pas vraiment de conséquence : tout juste perd-on ses armes (battes de base-ball, pistolets, uzi, fusil, explosifs…). Que l’on se rassure : il suffit alors de frapper quelques flics ou mafieux pour en récupérer.

Ceux qui auraient acquis ce jeu en espérant y voir une simulation routière « classique » peuvent toujours tenter de gagner (presque) honorablement de l’argent : en volant, au choix, un camion de pompier, une voiture de police, une ambulance ou encore un taxi, ils suffit alors de s’essayer à ses différents métiers. Pour le plaisir et pour profiter complètement de la visite de la ville, prenez une drôle de pilule qui ralentit toute la cité et essayer ensuite de réaliser le plus grand crash de voiture et les plus belles explosions en chaînes. Histoire de pouvoir profiter de la vue subjective ou encore de jongler avec les quatre autres vues proposées pour voir l’ambulance arriver en urgence. Défoulant à souhait, ce jeu n’est sûrement pas à mettre entre toutes les mains. Mais dans les nôtres, sûrement.