Comme son prédécesseur, Forza motorsport 2 se considère comme la simulation totale sur console et affiche une vision très occidentale du concept qui se résume à une reproduction fidèle de la réalité. Le titre prend ainsi à contre-pied une certaine philosophie du jeu de course sur console. Si Gran turismo était le premier à prouver que réalisme pouvait rimer avec console, il l’a fait avec la délicatesse japonaise dont l’inspiration arcade donne au titre un « touché » unique et une approche qui tient dans cette phrase de son créateur : « La reproduction d’une réalité s’arrête là où le plaisir du joueur ne va pas ». Le jeu de Turn 10 à des revendications diamétralement opposées.

Le premier contact avec Forza motorsport 2 est d’ailleurs singulier, voire décourageant. Le joueur arrive trop vite dans les virages, casse facilement les pièces de la voiture, bloque les roues à l’accélération et finit dernier de manière quasi-systématique. Paradoxalement, loin d’être frustrant, c’est au contraire motivant grâce à l’impression de réalisme qui se dégage du jeu. Le programme ne triche pas et démontre à l’apprenti pilote que la conduite peut être domptée à force de persévérance. En travaillant énormément sur le contrôle du véhicule, les développeurs autorisent le joueur à le sentir de manière presque charnelle (en s’aidant d’exceptionnels effets sonores) et le moindre comportement est identifiable : la voiture accélère mal ? Elle tire trop à gauche ? Il suffit d’aller dans la télémétrie pour surveiller la température des pneus ou le frottement, puis un tour dans les réglages permettra d’ajuster les suspensions, les rapports de vitesses, etc. Le joueur amoureux des belles mécaniques se retrouve avec un pouvoir de contrôle total sur son véhicule et découvre un univers dont il ne soupçonnait ni l’existence, ni l’importance. Apprendre à maîtriser les réglages est une nécessité absolue dans l’apprentissage de Forza motorsport 2 et avec de l’entraînement, le joueur maîtrise les trajectoires, comprend peu à peu le jargon de pilotage, est en mesure d’anticiper un dérapage et de récupérer à temps. C’est tellement gratifiant de réussir à boucler un tour avec un chrono satisfaisant ; quasiment une victoire sur soi-même. Si les développeurs ont fait des concessions en proposant diverses aides, le jeu prend sa véritable mesure lorsqu’elles sont désactivées. Et si Forza motorsport 2 paraît complexe, c’est parce qu’il l’est bel et bien. La conduite demande précision et attention de tous les instants sur le freinage, l’accélération, la prise d’aspiration. En règle générale, faire la course est nerveusement épuisant. D’autant qu’il faut composer avec une IA suffisamment fine qui surprendra parfois par l’humanité de sa conduite et des courses sur Xbox Live dont l’intensité est à l’égale des plus grands moments de course automobile.

Elitiste, Forza motorsport 2 l’est sans aucun doute, ne serait-ce que par l’investissement personnel qu’il demande au joueur, mais il faut saluer les auteurs, à l’heure où certains réclament une simplification du jeu vidéo, d’être allés au bout de leur concept. Forza motorsport 2 ressuscite l’ère des grandes simulations PC de Microprose (Geoff Crammond’s Grand prix) ou de Papyrus (Grand prix legends) et, s’il n’en atteint pas la pureté, il reste d’un réalisme rarement vu sur console. L’air de rien, Turn 10 vient de pondre un jeu majeur.