Nouvelle victime des spores nocives de la mode du tout cybernétique, Evolva recycle, pour la énième fois, les codes traditionnels du jeu de rôle. OGM oblige, les trolls et autres farfadets, les prêtres combattants, et surtout la druidesse de service à forte poitrine succombent sous les attaques virulentes d’un certain Darwin. Certifié ISO 2000 (et même plus), vous incarnez quatre lézards à peine sortis de l’œuf, appelés « Génohunters » et qui se répartissent entre Agile, Intelligent, Massif et Rapide. Rassurez-vous, pour ceux qui ne seraient pas habitués au monde mystérieux et ô combien fascinant des protozoaires, une option permet de choisir la couleur de votre reptile préféré afin de le différencier quelque peu du tout venant (option vivement conseillée).
Votre équipe finalement coloriée, vous êtes prêts à frémir d’effroi devant des monstres plus horribles et plus cruels les uns que les autres, au cours d’une quête métaphysique semée d’embûches et d’ingénieuses énigmes. Malheureusement, notre ami et prolifique virus, qui avait déjà transmuté vos héros d’antan en de sombres bestioles rampantes, en a profité pour contaminer et détruire tout semblant d’aventure. La ligne directrice d’Evolva s’apparente à la classe des éponges de mers et autres mollusques à corps mous : « Le Parasite » aurait pour unique objectif sa propre réplication à l’échelle de l’univers. Les Génohunters doivent l’anéantir. Que demander de plus finalement !

L’évolution dans un monde 3D s’apparente à une promenade sympathique en plein air. De toute façon, il est impossible de se perdre : une boussole indique le chemin à suivre pour atteindre l’objectif suivant. Des airs lointains d’une techno molle accompagnent vos pérégrinations, à condition, cependant, d’avoir poussé le volume à un niveau suffisant. Parfois, au détour d’un chemin, la rencontre impromptue avec des agents de l’ennemi -au hasard de dégoûtantes arachnides-, donne lieu à des combats sans merci. Pas de quoi flipper : vos coéquipiers dotés d’une I.A. hautement évoluée se chargeront du massacre au cas où une gestion parfois aléatoire de la caméra vous empêcherait de participer aux réjouissances.
Seule dimension véritable du jeu, le système des points d’expérience qui permet d’acquérir de nouvelles facultés est remis au goût du jour. Une fois les combats achevés, les Genohunters se ruent sur les chairs fumantes de leurs ennemis qu’ils dévorent goulûment. Ils intègrent ainsi l’ADN de leur ennemi, seul moyen de MUTER et d’EVOLUER, mots que le joueur se doit de psalmodier le plus longtemps possible jusqu’à l’hypnose la plus complète. S’il échoue, il devra faire face à l’amère vérité. Les soi-disant possibilités d’évoluer à l’infini, ainsi que la faculté d’exporter vos progénitures au doux format .dna ne sont que des appâts bien maigres pour le badaud en mal d’évolution. Chacun sait en effet que n’importe quel Pikachu de bas étage, ou autre Rondoudou ou PsykoKwak, remplit sensiblement les mêmes fonctions et ce, sur un ton beaucoup plus dense, varié et plus drôle.

Evolva a cependant le mérite de poser une question quasi existentielle, proche des pratiques les plus abouties dans le domaine de la science-fiction chez un K. Dick. Et si finalement, ce fameux parasite, avait déjà gagné une guerre qui n’aurait même pas eu lieu, une guerre silencieuse et déjà effacée des mémoires… L’autre est mort. Le cancer généralisé règne en maître.