Le survival horror (une soit-disant énigme plus ou moins bien ficelée, pur prétexte à une boucherie sans nom de monstres démoniaques) n’a plus de secret pour personne, et l’arrivée au générique d’Ash, le héros emblématique de la série culte des Evil dead aurait pu redonner une certaine vigueur au genre. Manque de chance, l’homme machine bouturé sur sa fidèle tronçonneuse a bien du mal à donner un peu de consistance à ce titre trop moyen pour être crédible, même une heure ou deux.

Les préliminaires sont pourtant des plus prometteurs. Une intro en forme de flashes agrémentés d’une dose de grincements appropriés, un résumé des épisodes précédents suivi d’une visite rapide dans l’antre du diable au milieu d’une forêt lugubre à souhait tracent en quelques giclées d’hémoglobine les tenants et les aboutissants de l’opus. Suivent quelques notes éparses indiquant votre mission principale. Soit retrouver les feuilles perdues du livre des morts, le Nécronomicon. En route pour l’aventure pourrait-on dire, si ce n’est une rapide déconvenue. Histoire de bien signifier son appartenance au genre du survival et justifier les tonnes d’hémoglobine qui ne vont pas tarder à se déverser sur notre héros du jour, Evil dead démarre sur les chapeaux de roue et n’hésite pas à en rajouter dans la veine du monstre avide de sang. Quelques minutes après son entrée en scène, le joueur qui n’a toujours pas eu le temps d’enficher sa tronçonneuse fétiche se voit rapidement assailli par une horde d’ennemis aussi coriaces que collants. Des créatures démoniaques qui aussitôt détruites sont remplacées par des compatriotes tout aussi nombreux. De quoi saturer l’intrigue et faire basculer le gameplay dans une boucherie répétitive bon marché. Un écueil qui n’est malheureusement pas évité et qui fait passer au second plan la partie narrative proprement dite. Certes, l’évolution de l’histoire n’est pas sans charme, oscillant entre Sherlock Holmes 100 % gore, et une resucée de la trilogie Blair witch, réservant parfois de bonnes surprises (l’histoire des Hellbilly, la prison). Reste hélas une liberté trop limitée pour que le jeu puisse réellement prendre tout son essor : combiner plusieurs objets, ramasser les quelques indices parsemés sur la route ou baguenauder au hasard des géodésies occultes seront les seules véritables composantes d’un semblant d’intrigue.

Manque aussi à l’appel une atmosphère prenante capable de faire digérer la surenchère de monstres en tout genre où l’évolution au sein du jeu trouvera son contrepoint final dans d’éternelles et ennuyeuses séquences de blastage de créatures malveillantes. Un trop-plein visuel bien dérangeant quand on note avec surprise l’absence réelle de travail sur l’ambiance sonore et visuelle que les gimmicks ou insultes pré-formatées d’Ash ne parviendront pas à combler. Une grande déception pour un titre qui, au vu de son historique, aurait mérité tout de même un travail plus approfondi. Autre détail gênant : les traditionnels décors en 3D pré-calculée pâtissent d’une gestion caméra trop aléatoire et obligent le joueur à faire des pieds et des mains pour trouver un angle de vue acceptable (essayez donc de tuer un monstre vu à plusieurs dizaines de mètres de haut). Soit au final, un choix forcé : enchaîner des dizaines de coups de hache dans le vide ou bien fuir au plus vite vers le plateau suivant. Par dépit, le joueur aura tôt fait de donner son corps en pâture aux morts vivants.