Supersize Me

Aux abords du Convention center, les food trucks stationnent en masse, bariolés de tous les côtés, prêts à satisfaire les visiteurs affamés. Plus loin, à la sortie du salon, des bimbos distribuent des cuisses de dinde à tout va, sans qu’on sache ce que cette distribution peut bien signifier. Mais peu importe, à l’E3 il s’agit d’accepter ce que l’on nous donne, quand bien même on en voudrait pas en dehors, comme une certaine forme de décadence qui fait aussi l’Amérique.

Green Beret

C’est cette même décadence que l’on retrouve sur le stand Microsoft (là où, comme on le disait hier, Nintendo incarne à l’inverse une certaine tradition passéiste). Dans son stand immense, et décidément trop vert, l’éditeur fait dans le lourd et plante des bornes de Forza Horizon 2 derrière une clinquante Lamborghini jaune ; laisse tomber le RPG pour la baston avec Fable Legends, ou ressuscite les personnages bourrins de Killer Instinct. Même l’éditeur de jeux à faire soi-même, Project Spark, affiche la laideur épuisante des productions Dreamworks, à l’opposé des Mario Maker chez Nintendo ou Little Big Planet 3 chez Sony. Mais la palme revient sans doute à Sunset Overdrive (par Insomniac, auteurs de  Resistance), placé en tête d’affiche du stand : un gigantesque fourre-tout, imbécile, et qui malgré des airs de InFamous pop et décomplexé, ne fait que confondre fun et vulgarité. C’est presque oublier qu’à la marge, dans quelques bornes agglutinées sur les abords du stand, on peut trouver de belles choses, notamment du côté indé (Chariot, Hyperlight Drifter, Lifeless Planer…) ou encore Ori and the Blind Forest, petit platformer lumineux. Un peu de finesse dans un énorme burrito, en somme.

Kojima Redemption

Incontestablement, si il faut retenir une grande promesse de cet E3, ce sera celle de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, que l’on aura vu en démonstration. Comme une double déclaration, d’abord à Red Dead Redemption et son amour des espaces ouverts se perdant à l’horizon, faisant entrer le jeu dans une toute nouvelle approche de l’espace, infiniment plus riche. Mais aussi déclaration de Kojima lui-même au joueur, lorsque dans la vidéo, le guide qui mène Snake à sa mission lui dit : « Afghanistan is a big place. You’re on your own. Let the legend come back to life!« . En reprenant à fond les éléments de collecte et personnalisation de Peace Walker, Phantom Pain confirme aussi ce virage amorcé après le quatrième épisode crépusculaire vers une forme narrative plus libre, personnelle et définitivement plus drôle aussi.

Bethesda au minimum

Alors que l’éditeur d’Elder Scroll organisait la veille une grosse fiesta à Hollywood, son stand semblait lui étonnamment modeste avec pour seules présentations The Evil Within de Shinji Mikami, qui ne convaincra que les nostalgiques de Resident Evil 4, et surtout BattleCry, free to play du studio éponyme et dont la direction artistique est signée Viktor Antonov (Half Life 2, Dishonored). On retiendra pour l’heure de ce TPS multi plongé dans une première guerre mondiale dystopique, cette belle idée de teinter l’environnement et son visuel de comic book des impressions de son personnage, faisant par exemple vibrer un profond soleil rouge dans la mort du héros. Formé par des vétérans de Bioware, Valve ou encore Treyarch, Battlecry signe ici un premier jeu déjà très attendu.

La minute WTF

Dans les allées de l’E3, on aura aussi trouvé bien sûr du n’importe quoi, qui fait aussi le charme du salon. N’importe quoi avec Super Ultra Dead Rising 3 Arcade Remix Hyper Edition EX Plus Alpha Prime, qui prouve au moins qu’à défaut de renouveler ses licences, Capcom sait s’en amuser. Plus inexplicable, Rollers of the Realm, trouvé sur le stand Atlus, mix de jeu de flipper et RPG, dont on cherche encore à comprendre le comment du pourquoi, tout comme la personne qui nous le présentait d’ailleurs. Enfin, impossible de comprendre le message de Gamechurch, dont les apôtres mystiques et nerdy affichaient un sérieux tout à la fois étrange et inquiétant, sous l’égide d’un Jesus Gamer.

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A suivre.