Un Pokémon pour satanistes options philo, voilà en gros le pitch de cette saga encore trop méconnue chez nous que sont les Shin Megami Tensei. Déclinée en une pluralité de propositions de jeu de rôle (RPG, Action RPG, Tactic RPG) et autant de spin off (Persona, Devil Summoner, Digital Devil…) ; portée par un gameplay complexe et des scénarios alambiqués, la série phare d’ATLUS n’a jamais brillé par son accessibilité. Elle incarne même, en un sens, l’un des derniers sanctuaires du RPG japonais obscur et élitiste.

 

De fait, si jouer à Soul Hackers c’est d’abord retrouver ce langage de combat ésotérique, avec sa construction phonétique pourtant logique (ex : le sort Dia signifie soigner, Media soigner tous), c’est aussi surtout le plaisir de jouer avec sa propre culture mythologique en se constituant une équipe de monstres connus. Dans un monde où humains et démons coexistent, il s’agît de négocier leur loyauté (des phases de discussions pendant les combats, souvent hilarantes) ou de les affronter. Le système de fusion qui nous avait déjà mobilisé de longues heures dans Persona remplit sans mal la même fonction, stratégique et rêveuse, de quête du démon parfait. Dans ce portage sur 3DS très tardif (l’original date de 1997 sur Saturn et Playstation), Il n’est pourtant plus si vital de posséder une équipe idéalement adaptée au prochain donjon à parcourir. A rebours de l’exigence qui a fait la renommée des Shin Megami Tensei, Atlus a inclus (pour le joueur débutant ?) un très cheaté compagnon de route , Nemechi. Ce pokémon like trop mignon propose (au grand damne des puristes) l’achat de démons puissants. Couplé à l’usage intensif d’un mode de combat automatique (vos personnages et démons choisissent seuls leurs attaques, tactique souvent gagnante), et la possibilité de baisser la difficulté, ce Devil Summoner donne, de fait, l’impression d’une version light et orientée “grand public” de la saga.

 

Dans le fond, pourquoi pas ? Cet épisode inédit chez nous et déterré des 90’s conserve suffisamment de charme et de singularité (un scénario cyberpunk distrayant et rythmé – attention le jeu est en anglais -, l’essentiel des mécaniques de jeu des SMT) pour initier en douceur une nouvelle vague de joueurs aux belles mécaniques patrimoniales du RPG japonais.