Comme certaines sociétés hyper-hierarchisées, la classification des jeux de baston repose sur un système de castes. En haut de la pyramide, il y a l’élite, les licences incontournables et quasi-indétrônables (Tekken, Soul calibur, Virtua fighter). Plus bas, les vieilles glorioles qui tentent tant bien que mal de perdurer (Street fighter, Capcom vs…, Mortal kombat). Au niveau zéro, les daubes qu’on aimerait très vite oublier (Ergheiz). Et puis il y a la catégorie intermédiaire : des bons petits jeux auxquels il manque cette petite touche de génie pour appartenir à la classe supérieure. Certains parviennent à monter en grade (Dead or alive). D’autres semblent se complaire dans leur statut « pas trop mal ». Il y a quelque temps, on vous parlait de Rival schools 2 sur Dreamcast…. Bloody roar 3 en est un peu l’équivalent sur PS2.

Deux épisodes sur PS1 déjà, et rien n’a vraiment changé. Lifting esthétique only, mais on commence à connaître le refrain des adaptations next-gen (cf. Gran turismo 3 ou Tekken tag). Bloody roar 3 s’inspire en fait largement de ses concurrents, son seul titre de gloire en matière d’innovation est la possibilité de transformer ses combattants en lycanthropes surpuissants. Une sorte de baston zoophile où se mêlent des fauves déchaînés (loup, tigre, lion) et des bestioles plus surprenantes -si vous fantasmez à l’idée de voir un lapin géant en costume d’infirmière, Bloody roar 3 est le jeu qu’il vous faut ! L’état animal vous apporte des avantages non négligeables : une puissance accrue, une réserve de vie supplémentaire et des coups spéciaux / combos nettement plus dévastateurs. Seul inconvénient : cet état est temporaire et toute la stratégie du combat repose sur le choix du moment propice pour enclencher la transformation. Pour le reste, le gameplay est nettement plus bourrin. Les coups spéciaux sont faciles à mémoriser -d’autant plus faciles qu’ils sont largement pompés sur ceux des classiques Capcom- et les combos s’exécutent rapidement, sur simples pressions successives sur les boutons coup-de-poing, coup-de-pied. Ce qui laisse au débutant une petite chance de vaincre le hardcore gamer le plus chevronné. La jouabilité est excellente, le jeu à deux vraiment très fun, aucun reproche à formuler si ce n’est qu’on ne sort pas vraiment du train-train beat’em up. En solo, c’est une autre histoire… Quelques modes dispensables et deux persos à débloquer. Sinon, c’est l’artillerie habituelle : arcade, mode vs., survival… Durée de vie minimal-techno de rigueur.

Graphiquement, Bloody roar 3 laisse sur sa faim. Les personnages sont plutôt bien modélisés. Look « à la Tekken » pour les combattants mâles, « à la DOA » -comprenez « grosses mamelles bondissantes »- pour les femmes. Mais c’est lorsqu’ils se transforment en bestioles que les personnages impressionnent le plus. On se surprend même à éprouver un petit désir virtuel pour les combattantes sous leurs formes animales, ce qui est forcément un peu troublant. Côté décors, c’est déjà beaucoup moins hallucinant : les arènes sont petites, un peu vides. Bref, un peu fadasses. Et ça pixellise à qui mieux-mieux.

Bloody roar 3 n’est donc rien de plus qu’un bon petit jeu qui saura combler l’attente avant l’arrivée des grosses pointures du genre (Tekken 4, Virtua fighter 4, Soul calibur 2).