Ce doux dingue de R.U. Sirius, fondateur du mag techno-frappé « Mondo 2000 », collaborateur à « Wired », « Hotwired », « Ctheory » et « Disinfo.com », propose aujourd’hui une alternative politique de son cru : Revolution®. Il fonde son propre parti, explique en 15 points les réformes à mettre en œuvre, et invite qui veut à souscrire à son contrat social post-moderne (déjà une bonne centaine de volontaires). Entre franche colère et délire mégalo… Entretien avec cet écorché vif de la société de l’information…

Chronic’art : Quel est l’objectif de Revolution® ?

R.U. Sirius : Il s’agit de reprendre le contrôle du monde et d’éliminer tous les mous du gland, les abrutis qui dirigent la planète. En parallèle, j’aimerais voir les principes développés dans le programme des 15 points devenir ceux du gouvernement US. Si je n’arrive pas à faire passer tout ça, je me serais au moins offert une bonne partie de plaisir…

Quels sont pour vous les principales tares du système américain ?

Grande question ! Le plus gros problème réside probablement dans le fait que l’argent est imprimé par des banques qui font du profit alors qu’il faudrait que cette procédure soit démocratiquement gérée et contrôlée. Ensuite, grave dilemme également, c’est le nombre de personnes stupides et incultes qui arrivent à vivre et s’en tirer ici. Enfin, nous avons des médias profondément contrôlés, consensuels et abrutissants. Le drame étant que les gens sont convaincus du contraire !

Vous fustigez régulièrement l’ultra-libéralisme. Dans le même temps, vous semblez prôner l’individualisme. Pouvez-vous nous expliquer votre position ?

Revolution® est un mix pragmatique (même si l’humour est de la partie) de ce que l’on trouve de meilleur à la fois dans le libéralisme et le libertarisme. Sachez que la grande majorité de mes propositions viennent de personnes que vous identifieriez « à gauche ». Nous sommes décidés à mettre fin à toute assistance et subventions aux entreprises, aux corporations, pour apporter une sécurité sociale ramenée au niveau de l’homme. Je me présente aux prochaines élections présidentielles, je ne crois évidemment pas à une société sans État, bien que je sois convaincu qu’il faille maximiser la liberté individuelle et se débarrasser définitivement des lois ineptes et des bureaucrates incapables. Dans les années 60 et 70, la gauche prenait le bon chemin dans la lutte contre un gouvernement excessif. Réapproprions-nous ce qui nous appartenait dans le passé, bordel !

Vous parlez dans vos propositions de « Zones autonomes » ? Etes-vous partisan des idées développées par Hakim Bey dans TAZ(1) ?

Je ne suis pas vraiment partisan des Zones autonomes temporaires. Je pense que cette stratégie sied particulièrement bien aux personnes qui ont renoncé à changer la situation de façon générale. Je suis plus ou moins en accord avec un certain type de « Zones spéciales limitées d’autonomie », mais les anarchistes et les militants de TAZ fonctionnent sur une séparation presque totale pour agir chacun de leur côté de façon complètement autonome. C’est excessif, je crains que la stratégie ne soit pas très efficace.

Pouvez-vous nous expliquer le rôle de ce « Projet Manhattan vers l’utopie »(2) ?

Avec la biotechnologie et la nanotechnologie, il est possible de libérer les énergies pour faire en sorte que la nourriture et les médicaments puissent être produits en masse. Nous avons -où nous sommes en mesure d’avoir- des technologies qui peuvent avoir un impact majeur sur la vie sur Terre (en espérant, d’ici là, que nous ne serons déjà pas tous calcinés par le soleil ou ravagés par de nouvelles pestes). Ces technologies et ces nouveaux produits ne doivent plus seulement servir le capitalisme contre le communisme. Nous devons les utiliser dans un effort altruiste pour assurer notre avenir.

Je ne peux pas proposer meilleur mot que « utopie ». Je le déteste parce que les gens ont tendance à vous mettre en boîte et vous oublient lorsque vous le mentionnez, et parce que je ne crois pas aux « mondes parfaits », aux fins idylliques. Mais j’affirme que l’élimination de toute pénurie à travers les technologies d’auto-reproduction améliorerait considérablement la situation de tous les hommes.

Vous semblez absolument déterminé. Jusqu’où irez-vous cette fois-ci pour mener à bien le combat ?

Je fais ça avec une bonne dose d’humour. Nous conduirons cette action partout où cela est possible et, croyez-moi, ce sera l’éclate totale !

Avez-vous un message à délivrer à la communauté francophone ?

Ouais, monter un chapitre de Revolution® ! Dites à Virilio d’y prendre part et de se la jouer funky !

Propos recueillis par

TAZ (Temporary Autonomous Zones) d’Hakim Bey est disponible, en version française intégrale, chez Les Virtualistes.

(2) 14e point du projet Sirius :
« Fonder un « Projet Manhattan vers l’utopie ». Financer et encourager les projets scientifiques et technologiques altruistes adaptés aux découvertes susceptibles de diminuer ou d’éliminer la pénurie, la maladie et tout autre forme de souffrance que la plupart des gens ne préféreraient pas subir. Établir un principe d’accès universel aux produits de ces découvertes ».

Revolution® sur Dinsinfo.com
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