Ils sont là, sur le Net, ils sont une multitude, parfois connus et reconnus, parfois ésotériques et inexpérimentés, ce sont les labels. Qu’ils soient déjà distribués par de gros groupes, majors ou énormes distributeurs, ou qu’ils n’aient aucune ouverture ou presque vers le public, ils ont investi Internet en masse.

Certains en profitent pour montrer l’étendue de leurs possibilités et de leur talent, toutes choses qui n’apparaissent parfois pas en dehors de la qualité des disques proposés.
Ainsi Warp, le label précurseur en Grande-Bretagne en matière de techno, le label qui a révélé LFO, Autechre, Black Dog et bien d’autres, a produit un site Web de toute beauté, à l’ergonomie racée et puissante, qui semble, de prime abord, ascétique, mais révèle en fait, dès les premières pages, des méandres et ressources rarement entrevues dans ce domaine. Enormément d’infos, des fiches intelligentes qui savent préserver ce qu’il faut de mystère sur les artistes -l’humour est ici manié à froid, et bien sûr, le recours aux possibilités offertes par le multimédia : extraits de titres, animes en tous genres et vidéos (c’était ici qu’on pouvait voir, en exclu, le nouveau clip délirant de monsieur Richard D. James, alias Aphex Twin).

Parallèlement à Warp, Rephlex, le label affilié dont Richard D. James est justement l’un des co-boss, a développé un petit site très drôle : graphismes mangaïsés, informations abondantes mais ô combien sybillines -c’est possible, private jokes et mise à jour intransigeante, ce petit sous-marin là devrait faire des émules.

Outre-Atlantique, on ne reste pas bras croisés devant cette débauche d’énergie créatrice. À New York, la Knitting Factory, issue d’un tissu associatif très fort regroupant de nombreux artistes de tout poil -du blues au free-core en passant par le jazz et l’expérimentation la plus pointue, a grossi au fil des ans et a étendu ses activités (label, mais aussi lieu de rencontres interculturel, bar, salle de concert et d’exposition) à la Toile. Extrêmement bien conçu, le site vous fournira l’occasion d’approfondir vos connaissances sur l’underground new yorkais et d’assister à moult concerts en direct. Une voie qui sera certainement empruntée par un nouveau venu sur le Web, Tzadik. Protégé par la puissante Knitting Factory, le label de John Zorn, le prince de l’avant-garde, propose d’ores et déjà un catalogue des plus intéressants, des groupes japonais les plus frappés aux nouvelles interprétations musicales inspirées par la culture juive.

De l’autre côté de la grande terre, sur la côte ouest, Drunken Fish, depuis des années à la pointe du rock déjanté, amorce désormais un recentrage vers des musiques plus introverties (post rock, ambient et musique ethnique) mais toujours avec un grand souci d’originalité -vous découvrirez non seulement des groupes américains bien sûr, mais aussi italiens ou polonais). L’arrivée sur Internet de ce petit parmi les petits, jusqu’alors confiné dans l’ombre par la faute d’une mauvaise distribution, lui permettra sans nul doute de conquérir de nouveaux auditeurs curieux. La mise en page, toute simple mais joliment designée, s’emploie d’ailleurs à ne pas faire fuir l’internaute furtif.

Et la France dans tout cela, me direz-vous ? Rien ou presque ; F Communications peut-être, le label de Laurent Garnier, mais pour le reste, des tentatives trop maladroites ou inabouties pour mériter une attention aiguë. Il est vrai que vous avez quelques milliers d’autres sites de labels à visiter auparavant…

Adresses :
Warp
http://www.warp-net.com/warp
Rephlex
http://www.rephlex.com
Knitting Factory
http://www.knittingfactory.com
Tzadik
http://www.tzadik.com
Drunken Fish
http://www.sirius.com/~dfr
F Communications
http://www.france-techno.fr/F-Comm/