A la trame, un reportage sur Woody Allen et son Jazz-band. Une caméra furtive piquant sur le vif les déambulations européennes de leur tournée. Un peu dans l’optique de l’émission Strip-tease.
Sauf que le strip-teaser, c’est Woody Allen ; une sommité du cinéma auteuriste. Un auteur qui sait si bien mater par la lorgnette de son nombril qu’il maîtrise le nombrilisme sur le bout des doigts ; qu’il dévoile en conséquence une jolie tranche d’humanité. Le cocasse et l’absurdité ordinaires de la simple formule Strip-tease s’effacent alors devant le pittoresque et l’étrangeté lunaires du personnage.

A première vue, la réalisatrice a l’œil. D’un œil acéré, elle capte, scrute, monte et montre les moments justes. Des petits moments, mais des détails signifiants, révélateurs, des instantanés qui font mouche instantanément. On voudrait convenir du regard hyper perçant. Un de ceux qui, tendrement mais par effraction, perceraient à jour un artiste.
A deuxième vue cependant, on doit bien se rendre à l’évidence que ce Woody qui nous est finement donné à voir apparaissait déjà au grand jour dans son œuvre. Sous ses traits ou sous d’autres formes. Toutes ces menues joies, ces frustrations, fêlures, phobies, manies, obnubilations, cette introversion paradoxale et bavarde sont bel et bien présentes dans sa filmographie.
Qu’apporte donc de plus ce documentaire ? Une confirmation stérile de l’étonnante adéquation d’une biographie et d’une filmo ?

Et après tout, si tout cela n’était qu’un jeu ? D’acteur, de mise en scène. Si Allen jouait tout simplement de, par, avec son image ? Si nous n’avions ici droit qu’à une diffraction, une dé(sin)formation de son personnage ? La vérité que lui et sa réalisatrice ont entendu laisser filtrer.
Un accord implicite, intuitif qui donnerait finalement au film toute sa vertu, son harmonie et sa fluidité.
Car n’en doutons plus, Wild Man Blues est un Woody Allen. Un œil sur un œil. Un doigt dans l’œil du spectateur et un excellent Woody.