Membres de l’amicale du blockbuster dégénéré, Voyage au centre de la Terre – 3D ne vous réjouira qu’à moitié. En lieu et place de l’adaptation shootée aux pixels attendue, nous voilà face à une impayable croûte numérique, sorte d’objet migraineux coincé quelque part entre les bidouillages acidulés de Spy kids et le Futuroscope. Sans fonder d’espoirs démesurés sur l’engin, on caressait au moins le rêve d’une lobotomie estivale, mix de vacuité et d’éreintement esthétique (voir le jouissif et méta-crétin Wanted). Et pour cause : ce classique de la littérature fantastique et son expédition délirante dans les profondeurs terrestres promettaient un écheveau de climax plus fantasmatiques les uns que les autres. Loin du ride en question, Voyage au centre de la terre – 3D se contente d’un programme rigolo mais rebattu, persuadé que son suffixe de fête foraine et ses lourdes binocles valent pour blanc-seing. En fait de roller-coaster autoproclamé, l’affaire procède d’avantage d’une stratégie marketing bien rodée : maquiller un gadget en plastoc en révolution de palais. Sans rire ?

Entendons-nous bien : l’heure n’est pas à une énième bataille d’Hernani. Nul doute que Robert Zemeckis (Beowulf) et surtout James Cameron (Avatar) transcenderont prochainement les affèteries de la 3D pour les traduire en termes cinématographiques. Cette adaptation fonctionnelle en est loin. Sous prétexte de démontrer des capacités de la caméra Fusion, le film recycle sans vergogne les gimmicks les plus éculés de la projection 3D : wagonnets dans la mine (Futuroscope), dinosaure sous stéroïdes (ibid) et même le yo-yo qu’on esquive par réflexe, effet couillon inauguré par le troisième Vendredi 13 en 1982 (Meurtres en 3 dimensions). De quoi occulter la poignée de bonnes scènes qui émaillent la séance, comme ce slalom aquatique entre piranhas géants et plésiosaures affamés ; ou cette belle idée d’utiliser le livre de Verne comme Guide du Routard. Notable mais surtout frugal. Trop sans doute pour un film qui se voudrait bigger than life, mais n’atteint jamais à la dimension épique nécessaire. Qui a dit sans relief ?