Le ciel n’ayant plus vraiment envie d’attendre, l’ange Gabriel, poussé au train par son supérieur, s’en va prendre une fois pour toutes en mains les affaires de ces incapables terrestres. Puisque les hommes et les femmes semblent avoir perdu LE mode d’emploi, autant adopter la manière forte… Or donc, Robert, ci-devant nettoyeur (non, pas genre Léon, genre Le jerk par Thierry Hazard !) dans une grosse boîte industrielle déshumanisée comme on sait, se retrouve du jour au lendemain privé de son boulot par un robot à la R2D2, spécialiste es technique de surface… Un malheur n’arrivant jamais seul, voilà que sa copine décide de le larguer pour un prof d’aérobic californien, et que les huissiers se mettent à cogner plus fort que jamais à la porte. Or donc, Robert se retrouve SDF, et, en romancier du dimanche qu’il est, ne trouve rien de plus trépidant que de kidnapper la fille très oisive de son ex-boss… A moins que ce ne soit l’inverse, et à moins que tout cela soit de toute façon inéluctable, car ce qui devait arriver arriva, et tout est joué d’avance, et tutti quanti

Boyle à la caméra, Hodge au scénario, Macdonald au tiroir-caisse et McGregor à l’écran, on commence à se dire qu’une équipe qui gagne, c’est sûrement un peu plus qu’une expression de circonstance. Même si, après le très décapant Petits meurtres entre amis et le choc Trainspotting, les fans pourront être surpris (déçus ?) par le ton carrément plus cool de ce troisième opus, du Capra à la sauce Beatty (Heaven can wait) revisité par Boyle le déjanté, c’est carrément jubilatoire… Allez, on ne va pas regimber pour une ou deux longueurs en cours de road-movie, un rythme parfois un peu moins soutenu et quelques répét’ inutiles, parce que ce cinéma-là est exactement celui qu’on aime : de l’audace, de l’invention, de la dérision… toutes choses qui nous valent quelques scènes d’anthologie (McGregor en crooner dans un bar paumé au fin fond de l’Utah et improvisant avec Cameron Diaz une danse sur « Beyond the sea »!…), et des moments de franche rigolade.

D’autant que, délaissant le style un peu esbrouffe qui avait fait (entre autres) l’événement Trainspotting -sa manière de filmer les grands espaces américains est superbe-, la mise en scène de Danny Boyle gagne en densité, jongle avec les conventions et bouscule les idées toutes faites. Voyez, par exemple, du côté de ces Bonnie et Clyde d’opérette, les Gérard Miller ou autres Claude Almos y trouveraient matière à coucheries sur divan : où il est question de la part de féminité que chaque homme porte en lui, et vice versa… A fortiori incarnés par l’absolument é-pa-tant Ewan McGregor (vivement Ben Obi-Wan Kenobi !) et Cameron « canon » Diaz, qui réussit brillamment son examen de passage de figurante de luxe (The mask, L’ultime souper) à comédienne digne de pareil partenaire. On ne finira pas sans vous dire que Boyle aura même réussi à nous réconcilier avec Holly Hunter (et Dieu sait que ce n’était pas mince affaire, rapport à quelque Leçon de piano, mais bon, c’est vraiment perso…) : elle est géniale ! Bref, ce qu’on appelle une équipe qui gagne.