A l’origine du nouveau film de Sam Raimi, le best-seller homonyme de Scott B. Smith : au cœur des paysages enneigés du Middle West américain, Hank Mitchell (Bill Paxton), comptable et futur père, découvre en compagnie de son frère Jacob (Billy Bob Thornton) et d’un ami, Lou (Brent Briscoe), un sac contenant quatre millions de dollars. Après de longues discussions où la cupidité de Jacob et de Lou s’oppose à la morale de Hank, les trois hommes décident de cacher le magot en attendant d’en connaître la provenance…

Formellement proche de Fargo (le cadre est identique, la réalisation tout aussi épurée), Un Plan simple se différencie cependant du film des frères Coen dans le traitement de ses personnages. En effet, à l’ironie distante des deux siamois, Sam Raimi préfère la sobriété et l’empathie. Il délaisse ainsi la frénésie visuelle de ses précédents long métrages (Evil dead 1,2,3 ; Darkman ou encore Mort ou vif) pour lui substituer une mise en scène discrète mais alerte, totalement au service de son scénario. Un récit rigoureux qui, outre sa structure implacable, emprunte au roman ses personnages profonds, dont l’évolution psychologique devient progressivement le véritable enjeu du film. Pour les interpréter, Sam Raimi s’est entouré d’un casting irréprochable : Bill Paxton, loin des tornades hollywoodiennes, est étonnant de placidité dans le rôle de Hank, un homme ambigu, partagé entre l’inerte « American way of life » et le flamboyant « American dream » ; Bridget Fonda, d’une crédibilité confondante en épouse machiavélique ; et surtout Billy Bob Thornton qui, avec une rare subtilité de jeu, donne corps à ce personnage de frère « demeuré ». Chacun dévoile une psychologie complexe mise à nu par Sam avec une humilité inhabituelle. Le cinéaste réussissant ainsi un film certes peu révolutionnaire, mais néanmoins poignant.