Un Mari de trop est une comédie romantique américaine de série, bien écrite, bien jouée, bien réalisée, une eau de rose nommée « Rêve d’équilibre » mais qui ne fait pas tellement rêver. La célèbre animatrice d’une émission de radio (Uma Thurman), surnommée Docteur Love, a beaucoup de théories sur l’amour. Elle qui conseille à ses auditrices de se méfier du Prince Passion tombe folle amoureuse d’un homme (Jeffrey Dean Morgan) alors qu’elle préparait son mariage avec un autre (Colin Firth). C’est le coup du pompier – lequel a juste ce qu’il faut de virilité, d’intelligence, de drôlerie, de rondeurs nounours. Il y a des quiproquos, des revirements, des petits coups de folie et des petites pausesde mise au point, juste ce qu’il faut de fantaisie, de vraisemblance, de psychologie, de drôlerie, de profondeur, de mièvrerie, de dilemme, de coups d’éclat, etc. La confrontation des milieux sociaux (Manhattan versus Brooklyn, fins gourmets versus fans de foot) est moins trash que dans Jackpot ; Uma Thurman, censée s’ouvrir à tous les imprévus qui jalonnent une histoire d’amour, moins naturelle (et moins trash) que Cameron Diaz (dans Jackpot encore) ; l’opposition entre ce que le Docteur Love a dans la tête et ce qu’elle a dans le coeur (le drame de la chroniqueuse) est moins travaillée et moins fine que dans Coup de foudre à Rhode Island, l’autre comédie romantique de la rentrée, avec Steve Carrell dans le rôle du chroniqueur (rendez-vous le 17 septembre 2008).

Entièrement conventionnel, le film a quelques jolis personnages (le restaurateur indien), et de belles scènes. Celle du salon de dégustation (avec Isabella Rossellini) est virtuose. Celle de l’église dans laquelle le prétendant au mariage s’éconduit lui-même est retenue : le personnage était terne, intéressé, incapable d’amour, il se retire maintenant avec la noblesse d’un héros. Le retournement est montré avec discrétion, une qualité que l’anonymat de la convention permet parfois de cultiver. Au final, dira-t-on, un parfum de pudeur pimente l’eau de rose.