Vu les dates, le choix ne s’impose pas : Venise ou Deauville, vous pouvez aller aux deux. Mais question philosophie, voilà de quel côté notre cœur penche…

A quoi sert Deauville, sinon à propulser sur le marché français l’artillerie lourde américaine, qui n’a d’ailleurs pas besoin de ça puisque Clinton himself s’est improvisé super-attaché de presse du Air Force One de Wolgang Petersen ? Mais que fait le Chi ? Pour cette 23ème édition du festival du cinéma américain (5-14 septembre), ils sont venus, ils sont tous là, les blockbusters US de l’été, thanks to Lionel Chouchan et André Halimi… On ne sait donc dans quel ordre vous les citer, les stars et autres vélociraptaures qui daigneront détruire les planches de la station normande, d’ailleurs la place nous manquerait. Signalons juste qu’au jeu du couple le plus viril, les Ford/Oldman (cf.supra) et Stallone/De Niro (Copland, de James Mangold) auront fort à faire face au duel détonnant Cage/Travolta de Volte/face. De toute façon, côté couple, on préfèrera s’attarder sur celui que forment – enfin, presque… – Julia Roberts et son gay de pote Rupert Everett dans la comédie qui cartonne outre-Atlantique, Le mariage de mon meilleur ami (cf. photo). A voir absolument, la rétro John Waters. Et pour ce qui est de la compét’ officielle, quand vous saurez qu’elle sera soumise au jugement de Sophie Marceau (présidente), Etienne Chatilliez (que déteste copieusement la première), Alain Finkielkraut (sic) ou la charmante Elodie Bouchez…

Même si les Vénitiens n’ont pas résisté à inviter Harrison et Sylvestre, la sélection de la 54ème Mostra (27août-6 septembre) s’annonce, sur le papier, d’une toute autre volée. Ouverture en fanfare avec le dernier opus de Woody Allen (Deconstructing Harry), sélection au plus proche de l’état de la production mondiale, tendance plutôt socio-po. A surveiller de près, dans ce registre, les chinois Wayne Wang (Chinese box, Irons/Gong Li) et Zhang Yimou (Keep cool), alors que la France sera représentée par les deux Benoît, Lamy (Combat de fauves), et Jacquot (Le 7ème ciel, Lindon/Kiberlain), ainsi que le très attendu Nettoyage à sec d’Anne Fontaine (Miou-Miou/Berling). Quand vous saurez encore que le nouveau directeur du festival a fait une large place à la « nouvelle vague » italienne (trois films en compét’), organisé un hommage au ciné britannique des 90’s et prévu une projo de La prise de pouvoir par Louis XIV, restauré, de Rossellini, vous aurez peut-être compris que tout le monde ne cède pas illico aux sirènes du star system et de la médiocrité.