Comment accepter un passé douloureux ? Quelles en sont les conséquences sur la vie de tous les jours ? Sur son rapport à soi et aux autres ? Telles sont les quelques questions existentielles qu’aborde Tout va bien, on s’en va. Trois sœurs, pour qui tout semble aller, se retrouvent ainsi confrontées à la résurgence d’un père qu’elles croyaient définitivement parti. Soit Miou-Miou, Sandrine Kiberlain et Natacha Régnier, très plausibles « physiquement » dans leurs rôles de sœurs, face à un Michel Piccoli presque pathétique à force de réalisme dans l’interprétation d’un vieil homme en proie à la maladie.

Le film suivra au plus près ces postulats de départ, observant une linéarité presque ennuyeuse tant elle semble manquer d’enjeu cinématographique. Le point le plus intéressant du long métrage est peut-être son rapport à la danse, certes un peu lointain, mais tout de même présent. Outre le fait que Claude Mourieras ait réalisé plusieurs captations de ballets et un documentaire sur le chorégraphe José Montalvo, on retrouve la danse par l’intermédiaire du personnage interprété par Miou-Miou, qui donne des cours de tango. Cet amour palpable pour cet art est relativement rare et mérite d’être souligné même s’il n’est pas vraiment exploité d’un point de vue dramatique. Car au fond, Tout va bien, on s’en va n’est rien de plus qu’un psychodrame familial auquel le réalisateur ne semble pas s’intéresser plus que nous. Si, en évacuant tout psychologisme, il réussit à éviter une certaine lourdeur qui pointe régulièrement le nez, son dispositif reste au final beaucoup trop sage pour accoucher d’une œuvre quelque peu ambitieuse. L’opacité des personnages, leurs non-dits et les nombreuses ellipses du scénario, s’ils veulent prétendre à l’universel ne devraient pas, en tout cas, sentir autant le fabriqué. Sur ce point et sans vouloir faire de comparaison trop écrasante, on pourrait citer le récent et bouleversant Yi Yi comme un modèle de précision et de justesse. En somme, tout va bien… on s’en va !