Sur un versant, Paul Schrader, scénariste de Taxi Driver, Obsession, Raging Bull, Mosquito Coast. Sur l’autre, le même Paul Schrader, réalisateur de American Gigolo, Cat People (La Féline), Light Sleeper. L’ennui est qu’il officie ici sur le second versant, celui où son talent n’a aucune prise. Touch mérite mieux que les trois films précités. Mais si Schrader patauge moins, il n’en sort pas pour autant son ouvrage de l’anonymat. La superficialité qui s’en dégage n’agace pas, elle laisse perplexe. Touch est une bluette à la fragilité touchante. Etroite d’épaule, il lui manque la vivacité, les nerfs pour contrebalancer ce défaut de charpente. Dès lors, cette histoire d’innocence manipulée qui se prête au jeu nous laisse coi. Tranquille quoi, tranquillisé, indifférent. Que frère Skeet Ulrich soigne les gens par imposition, on s’en tape un peu, comme de sa romance avec la gracile Bridget Fonda ou des manigances de Christopher Walken. Le plan de ses jambes en mouvement constitue d’ailleurs le leitmotiv, le refrain du film. Eh ouais ! marche/Walken ! Simplissime. Une sobriété globale un peu rasoir et des acteurs qui jouent sur leur arché-tics, voilà les souvenirs dont on hérite de Touch.