Too much flesh s’inscrit dans une trilogie consacrée à la liberté. Après Lovers, qui abordait cette thématique du point de vue de l’amour, ce second volet s’attache à la sexualité. Ou plutôt à son absence puisque le film s’intéresse au destin d’un homme dont le mariage, arrangé pour des histoires de gros sous, n’a jamais été consommé et qui va être initié que très tardivement -à l’âge de trente-cinq ans il est toujours vierge- aux joies de la chair.

Deuxième film réalisé par Jean-Marc Barr (Pascal Arnold est coréalisateur), Too much flesh est un étrange objet qui allie modernité des techniques cinématographiques (il a été tourné en DV, puis les images ont été transférées en 35 mm) et sujet d’une rare inactualité. Un mariage « contre nature » qui aurait pu être des plus féconds s’il n’avait été lesté par un scénario très peu crédible. Il est, en effet, difficile d’adhérer à cette histoire de vieux puceau victime de l’obscurantisme, même si elle se déroule en terre puritaine, un trou paumé de l’Illinois. Cet aspect désuet -faire l’amour est sale et se dit « forniquer », la femme fatale est forcément incarnée par une étrangère (Elodie Bouchez fait figure d’extraterrestre dans cette contrée de ploucs)- donne un certain charme au film tout en étant également sa limite. Car si l’intention des réalisateurs est plus que louable -défendre la liberté sexuelle ; une sexualité débarrassée de toute contrainte sociale ou culturelle-, ce qui ressort, avant tout, c’est la grande naïveté de l’ensemble. Tout à la défense de leur thèse, ils prêtent ainsi au sexe un pouvoir de subversion qu’il a depuis longtemps perdu. Le couple adultère est censé incarner une sorte d’anarchie poétique, mais comment croire qu’une communauté -aussi puritaine soit-elle- puisse être à ce point ébranlée par le simple fait qu’un homme marié couche avec une autre femme ?
Malgré la beauté plastique rendue par la DV, en particulier la scène d’ouverture dominée de jaune (celle du champ de maïs, des rayons de soleil qui caressent le corps nu de J.-M. Barr), cette apologie de la liberté sexuelle aurait mérité mieux que cette histoire d’un autre âge mettant en scène un candide au pays des ploucs.