Toi et moi… et Duprée a été entièrement conçu et réalisé pour nous, les fans. Fans d’Owen Wilson, nous, exégètes de sa bouche en cul de poule et de sa frange pare-soleil, de ses yeux bridés et de son tarbouif de cogneur. Mais un film fait sur mesure pour un acteur, fait sur mesure pour ravir ses admirateurs, cela ne marche pas, ou exceptionnellement. Parce que ce qu’on attend d’un acteur qu’on aime, surtout quand il est comique, c’est précisément qu’il nous surprenne, qu’il propose autre chose : lui, toujours lui, mais différent. Rien de plus cruel que d’attendre un acteur et de le voir s’acharner à surtout ne rien faire d’autre que ce que l’on connaît, appuyer seulement sur le registre qui est le sien (remember Johnny Depp dans Charlie et la chocolaterie de Burton). C’est souvent lorsqu’on se force à être soi-même que l’on devient lourd. Owen, donc, se montre ici absolument Wilson. C’est beau, comme toujours, mais, couac.

Revenons au film des frères Russo. Bon, avant tout, le film n’est pas vraiment drôle. Une ou deux bonnes séquences, voilà tout, et encore, on les a déjà oubliées. Matt Dillon épouse Kate Hudson, et stresse beaucoup parce que son beau-papa (Michael Douglas) est aussi son patron : double pression exercée par ledit bopapa, qui franchement n’aime pas son genre, au point de lui péter son beau projet architectural et de lui suggérer une bonne vasectomie pour éviter toute insupportable descendance. Mais le vrai problème de Matt Dillon, c’est Duprée, son copain de toujours -Owen Wilson. Dupree est un grand enfant, complètement inadapté à la vie adulte, glandeur absolu, feignasse patentée, queutard s’il le faut. Duprée est à la rue, Duprée s’installe chez le jeune couple, le détruit, détruit la maison, brûle le canapé, etc. A la fin tout s’arrange.

Ce qui ne marche pas, avec Owen Wilson, c’est qu’il fait du Owen Wilson. Mais c’est justement pour ça qu’on l’aime, non ? Si, mais on l’aime quand Owen Wilson devient quelqu’un d’autre, pas lui-même. Là, il pousse le vice jusqu’à théoriser le owen-wilsonnisme, se fait devant des marmots l’apologue de la nonchalance, le champion du léger-léger, dévoile tous ses trucs, explique son art de comédien. C’en est trop. On se demande bien pourquoi on a pris la peine de lui trouver ce nom bizarre, Duprée, quand Owen Wilson aurait suffi. Dupree semble toujours nous dire qu’il est Owen Wilson, quand c’est le contraire qui eût fonctionné. Duprée marche et articule comme Owen Wilson, le personnage joue à se mettre dans la peau de l’acteur. Ça va pas. Mais on t’aime, Owen.