C’est en ouvrant les yeux et en restant vigilant que l’on évite les pires déconvenues. Un rien d’attention devrait suffire à mettre la puce à l’oreille au chaland égaré devant les façades des multiplexes qui, en ces périodes de fin d’année, auront pris l’initiative de diffuser cette petite production aux désormais familières saveurs de navets d’outre-Manche. Ainsi, pas moins de cinq éléments figurant sur l’affiche du film incriminé s’avèrent d’emblée particulièrement inquiétants pour le spectateur : outre l’aguicheuse paire de jambes féminines perchées sur de hauts talons et drapées dans un étendard américain faisant office d’amorce racoleuse, tout inspire la méfiance, à commencer par la toujours glaçante mention « Sélection officielle – Festival de Dinard 2000 ». En quoi la participation à un panorama de ce que la Grande-Bretagne propose aujourd’hui de pire en matière de production cinématographique peut-il constituer un tangible argument de séduction pour quiconque ? Mystère. De même, quel attrait l’accroche « JH cherche JF américaine pour vie au grand air » est-elle censée susciter ? Pis encore, l’indication « par le producteur de The Full Monty » laisse à juste titre deviner derrière cette entreprise de lourds relents de succédané. A noter aussi, non sans frissonner, le sous-titre français du film, telle une cerise confite sur un gâteau rance : Séduction à l’irlandaise. Tout ce déploiement de teasing ringard dans un seul but : nous convaincre de pénétrer dans l’antre maudite où est projeté The Closer you get.

The Closer you get. Difficile en effet de traduire efficacement l’idée. Une traduction approximative donnerait : « aussi près que l’on puisse s’approcher. » Mais le plus près de quoi ? Cette variation éventée autour de Lysistrata narre les mésaventures d’un groupe de mâles villageois irlandais qui, émoustillés par la vision d’un film avec Bo Derek, décident de passer une petite annonce afin d’importer dans leur communauté de croustillantes jeunes Yankees, virtuellement plus séduisantes que leurs congénères féminines. Et ces dernières de répliquer au mieux pour réaffirmer un semblant de glamour et leur pouvoir sur les hommes de la localité. Morale : inutile de chercher très loin, il suffit de bien regarder autour de soi. Ailleurs, l’herbe n’est pas plus verte. Au risque d’une dérive consanguine autant prôner un accouplement de voisinage que de s’ouvrir à l’extérieur. Ou aussi : contentons-nous de manger nos propres vaches, elles sont tout aussi savoureuses que les autres. Ce refrain réactionnaire, bercé de nostalgie et d’ethnocentrisme, ouvre la porte aux pires débordements idéologiques. Alors plus près de quoi ? De l’imbécillité dangereuse certes, mais aussi du néant cinématographique. Car en plus de la totale ineptie de son propos, The Closer you get souffre d’une accablante faiblesse dramatique et visuelle. Une raison supplémentaire et définitive pour s’éloigner de cette comédie rurale déplaisante et languissante que, de toutes manières, les chaînes câblées devraient s’empresser de nous vomir dès la fin de son exploitation en salles. Faut-il en rire ou en pleurer ?