Enorme succès aux Etats-Unis, The Cell est un salmigondis à gros budget dont la formule est difficile à résumer. Thriller fantastico-esthétisant et horrifico-psychanalysant, le film ménage en tout cas ses effets de surprise. Sur le papier, pourtant, rien de bien palpitant dans le sujet ni dans l’intrigue de ce poids lourd du box-office. Catherine Deane (Jennifer Lopez), à la demande d’un agent du FBI, doit pénétrer l’univers mental de Carl Steagher (Vincent d’Onofrio), un serial killer à tendance nécrophile et masochiste. Pour ce faire, elle entame une séance de télépathie avec le tueur. L’enjeu est de taille : Catherine doit retrouver la trace de la dernière victime, une pauvre fille enfermée dans une cage de verre, promise à une mort certaine si l’opération échoue.

Le subconscient de Steagher, un barjo traumatisé dans son enfance par un père sadique, est donc le principal décor du film. Un univers virtuel ultra-roccoco, à mi-chemin entre Les Mille et une Nuits, la pub Lancôme, et une toile de Dali. Car The Cell, réalisé par un grand de la pub et du clip, dont c’est le premier long métrage, est avant tout un étalage mirobolant d’effets spéciaux. Construit d’avantage comme une séquence de clip que comme un polar, le film contient quelques séquences à couper le souffle. Hélas, le vertige provoque à terme l’écœurement, tant la procession de créatures, de matières et de couleurs ne cesse de s’enlaidir à force de surenchère. The Cell délaisse trop rapidement son intrigue (assez médiocre, il est vrai) pour une déplaisante saturation de formes excentriques et délirantes sans grand rapport avec les thèmes ni le suspense du film. On flaire l’escroquerie, et un épilogue exécrable nous confirme que l’imaginaire foisonnant et exotique du réalisateur a totalement englouti un scénario prétexte et sans idée neuve.

Au fond, The Cell recycle le schéma du Silence des agneaux en y ajoutant une obscure symbolique aquatique et une tonne d’arabesques numérisées, sans jamais atteindre la frayeur ni la cruauté de son modèle. Curieusement, The Cell donne envie de revoir Le Syndrome de Stendhal de Dario Argento. A peu de chose près, et tout le fatras psychédélique en moins, il était question de la même chose, sauf que les hypothèses timidement avancées dans The Cell aboutissent à une conclusion bien plus audacieuse dans le film d’Argento… En matière de frisson érotique, le film déçoit également beaucoup. La combinaison en cuir rouge nécessaire à la psychologue pour l’expérience n’est pas franchement affriolante ! Seul un plan révèle Jennifer Lopez en tenue légère, ouvrant son réfrigérateur avec un déhanchement de circonstance. Avis aux fans qui n’ont pas amorti leur carte d’abonnement…