Indestructible mais dégénérescent. Tel est le paradoxal état de santé de l’humour ZAZ, s’agrippant chaque année au genre en vogue, tout en perdant un bras, une jambe, une dizaine de neurones, un technicien – seul rescapé du trio magique, David Zucker, qui avait repris du service pour Scary movie 3 et 4, se contente ici de produire. Et de produire quoi, au juste ? Une mise à nu de la fameuse boite à rire dont il ne reste que l’armature, plutôt une quincaillerie en bordel ou dévalisée, c’est selon. Impossible d’affirmer qu’il n’y a rien du tout là-dedans, juste pas grand-chose. Super héros movie pétarade à la référence, mâchouillant ici les vestiges des Y-a-t-il… ? (Leslie Nielsen rode encore dans les parages), siphonnant là les classiques du genre – le premier Spider-man en tête -, chose promise, chose due.

Pétarader, c’est le mot, le film flottant sur divers degrés de flatulences : prout sonore qui claque, pets foireux, odorants, sournois, rigolards, honteux ; il donne à rire au gré de ce qu’il bouffe. Pas étonnant qu’il reprenne la figure au sens propre au cours d’une interminable séquence d’indigestion, qui voit une vieille tante se soulager sous le nez d’un couple de tourtereaux après un copieux thanksgiving. Ça fume, ça indispose, ça infecte frénétiquement tous les bords du cadre, jusqu’à l’explosion finale. Les temps changent ; là où les premiers ZAZ prônaient le détournement fulgurant des images, les derniers s’emploient à les saturer d’excréments.

Du coup, le dynamisme du zapping n’est plus, le rire se gagnant par un effet d’accumulation qui confine à l’épuisement. Plus d’énergie pour s’amuser des liaisons, le film passe brutalement d’un bloc à l’autre, obligé de se reconstruire toutes les cinq minutes – le générique délivre un bonus d’un quart d’heure de scènes visiblement impossibles à encastrer. Pas simple alors d’insuffler de la fraîcheur puisque tout est avarié, statue du commandeur (Nielsen, plus vieux que jamais) comme nouvelles figures du genre (Pamela Anderson, à l’écran pour quinze secondes). Démasqué au bout de trois plans, Super héros movie suit sa logique d’objet mi-parasite, mi-cuit : profiter du désir rigolardo-pavlovien du spectateur, stimulé par une bande de has been au bout du rouleau de PQ.