Spoof movie est tout sauf une nouveauté : le film date de 1996. Depuis cette date, les frères Wayans ont engrangé pas mal d’entrées avec Scary movie 1 et 2 et on a donc droit à une séance de rattrapage. Heureusement, cette tardive distribution ne rime pas (en tout cas pas toujours) avec fonds de tiroir ; à l’époque leur humour dévastateur fonctionnait déjà à plein régime.

Bien avant les « slashers movies » et leur coeur de cible Scream, la moulinette parodique des indignes fils des ZAZ s’attaquait donc aux « films de ghetto », genre en vogue et un peu oublié du début des années 90 principalement représenté par Boyz’n the hood (John Singleton) et Menace II society (les frères Allen et Albert Hughes). Problème : depuis, beaucoup de films ont coulé sous les ponts -les deux précités datent respectivement de 1991 et 1993- et du coup l’impact parodique perd grandement de sa force. Perdues dans les limbes de la mémoire, les références ne sont plus d’aucune utilité. L’évidence du talent comique des frères Wayans n’est pas en cause mais le film souffre forcément de cette absence de repères. Quoiqu’il en soit cette déperdition comique n’empêche pas de profiter de l’esprit irrévérencieux du film. La drogue, les grossesses précoces, les innocents abattus au détour d’une fusillade, Spoof movie se moque de tout sans complexes, et on peut toujours se raccrocher aux quelques échappées « hors genre » (dont notamment une hilarante parodie de la « torride » scène du frigo de 9 semaines et 1/2). Pas de sentimentalisme, pas de dramatisation sur le sort de la communauté black aux Etats-Unis, juste un gros rire bien gras, bien vulgaire et surtout extrêmement salvateur.

Au final, le mauvais timing de la distribution aura plutôt été bénéfique à Spoof movie car ce que l’on en retient c’est sa très féroce, très efficace, critique sociale et non ce vain phénomène d’identification propre aux films (aussitôt fait, aussitôt oubliés) qui parodient tous azimuts.