La formule gagnante de la série-culte d’HBO passe difficilement le cap du grand écran. On le savait depuis une première tentative, et ce second épisode vient confirmer tout le mal relativement sympathique qu’on en attendait : surenchère, essoufflement, indifférence. On croit un instant que le premier virage du scénario – envoyer le quatuor de fofolles désormais quadras casées aux Emirats Arabes Unis – n’est qu’un aimable rebondissement, mais il s’agit en fait de la seule idée du film, et ce faux intermède dure à peu près 2h00 (sur 2h25). De toute façon, le cinéaste a la tête ailleurs : il s’agit de placer des marques partout où c’est possible (c’est-à-dire à peu près toutes les dix secondes) et de masquer sous une tonne de blush le petit circuit aux fils dénudés et rachitiques censé réactiver les principes fondateurs de la série disparue (la petite gamme des gentils clichés sociologiques que se répartissent les quatre héroïnes). Le film n’est pas sans tenue et tient le rythme grâce à l’habitude qui semble présider à tous les niveaux de sa confection : interprétation (Kim Cattrall possédée par son rôle de nympho un peu décatie), mise en scène, direction artistique (mention aux dessus de lit et aux cafetières, tous impeccables).

Le problème tient plutôt à sa manière de feindre que ce déchaînement d’indolence et de science marketing dissimule un message puissant et lucide sur la société contemporaine : à Abu Dhabi, où elles s’éclatent entre le sauna du palace et les ballades dans le désert en chameaux-limousines, les filles se découvrent une fibre ethnologue et sont saisies d’horreur devant la condition qu’on réserve aux femmes qui n’ont pas eu la chance de grandir à Manhattan (alors elles chantent « I am a woman » dans une boîte au cours d’une immonde chorégraphie se rêvant en manifeste féministe). De son côté, Carrie, désormais casée, découvre l’enfer de la tentation de l’infidélité : pour un bisou volé, la rebelle prend en otage un tiers du film et sombre dans une dépression carabinée en minaudant comme une héroïne tragique. C’est dans ces passages si tartignoles qui feraient regretter le pire des années 1980 (même Liaison fatale passerait pour un brûlot d’amoralité à côté) que Sex and the city 2 se révèle le plus tristement cucu la praline. Mais il y a pire : ce moment d’épouvante pure que constitue l’apparition en guest de Liza Minnelli, sorte de croisement monstrueux entre Brigitte Fontaine et Zizi Jeanmaire en pleine action. Rien que pour cette parenthèse cauchemardesque, Sex and the city 2 ne mérite aucune pitié.