Le tueur au puzzle est mort mais tant que Saw fera des pépettes, son oeuvre survivra quel qu’en soit le taux élevé d’abracadabrantesque. L’autopsie de l’affreux révèle une ultime cassette. Let’s play to a game, quatrième énigme à dilemme affreux infligée à un flic dépressif. Décorum en acier trempé, ambiance SM des bacs à sables, acteurs moins expressifs qu’un cordon bleu mal dégelé, Saw 4 pilote automatiquement avec tant de flegme que la franchise perd un peu de sa vivacité nerd. D’objet ambitieux bouffé par sa grammaire pathétique, les Saw (1, 2 et 3) s’échouent sur le terrain plus neutre du sequel purement mécanique.

Ce quatrième volet s’en trouve apaisé, seulement occupé à téter les deux mamelles du genre : C’est-à-dire, d’abord, concevoir un gros gadget dramatique dont l’architecture et la finalité rappellent le jeu de société Attrape souris en vogue les années 80, ce qui résume à peu près l’intérêt du concept. De plonger, ensuite, dans le gore à coups de bombes, de ploufs, de splashs : de ce point de vue la série s’affinerait presque, affrontant désormais la bidoche sans filtre ni image accélérée. A ce titre, Saw 3 décrocha même une interdiction aux moins de 18 ans pour avoir montrer une trépanation en plan séquence. Saw 4 lui emboîte le pas : la violence y est bête, profondément immature mais relativement dégraissée de tout cache sexe-visuel. Politique profondément bouchère : on débite le gras, en gros tout ce qui fait mise en scène, pour ne garder que la viande.

Malheureusement, comme ses frères-clones, Saw 4 ne s’arrête pas là. 90 minutes, c’est toujours trop pour un tel programme. Le portrait psychologique du tueur sert donc à boucher les trous. Du Hannibal en conserve, voire du Leather face, avec origine du mal et premier basculement dans l’horreur. Seulement les Saw n’ont aucune vocation au lyrisme, ils demeurent à jamais blague potache d’ados prêts à tout pour se faire peur. La quête d’amplitude, la mégalomanie adolescence, voilà ce qui leste cette série, lui confère une dimension aussi rachitique que minable.