Olivier Baroux s’est récemment improvisé cinéaste avec à peu près autant de crédibilité que des poids-mouches du cinéma populaire franchouillard au coeur gros comme ça (Ce soir, je dors chez toi : la virtuosité technique de Josée Dayan alliée à la finesse psychologique de Marc Esposito). De son côté, Kad Merad s’est imposé au cinéma comme une sorte de Belmondo de la ringardise post-Ch’tis : la garantie d’un esprit humblement nanardeux accordé à un cynisme je-m’en-foutiste prétexte à tout excuser. Mais le duo pour lui un passé comique qui garantit à Safari – dont on n’attendait évidemment rien – une sorte de minimum syndical pas déplaisant. Rien que le scénario (un phobique de la nature se retrouve propulsé à la tête d’une bande de pieds nickelés dans la brousse) fleure bon la comédie fumiste à tendance exotique comme on n’en fait plus. Baroux s’en remet d’ailleurs à une naïveté que la grasse présence de Kad Merad en bourrin du gag impossible affermit avec un équilibre parfois jouissif – force d’un duo qui, on le répète, suffit à propulser le film au-dessus de bien des comédies poussives de sa catégorie.

L’affiche annonce le programme (une hilarante tête de kéké invite le spectateur au plaisir simple du nanar), les dialogues et les seconds rôles rentrent dans la danse et tout le film s’accroche tant bien que mal au fil d’un récit aléatoire. Traversé de cet étrange mélange de naïveté et de cynisme qui semble venir du petit écran, Safari est une sorte de petit frère informe et débilitant d’OSS 117, au moins dans son humilité à reprendre le genre à zéro et de s’enfermer dans son petit autisme burlesque à tendance délirante : ça a le mérite de le rendre attachant auprès d’atrocités racistes type Le Raid ou Le Boulet et de permettre aux seconds rôles (notamment Frédérique Bel, l’actrice la plus sous-exploitée de la comédie française) de briller dans les intermittences du pur performing de Kad Merad (phénoménal en clown aux gros panards à l’aise dans les situations les plus outrées). Pas grand-chose, évidemment, mais il serait injuste de nier la capacité finalement assez rare du film à taper juste dans son registre de pochade sans lendemain.