S.O.S Fantômes n’est même plus la gentille ambulance tunée sur laquelle s’acharnent les chiens enragés de l’internet, c’est désormais un corbillard filant droit vers la décharge des licences victimes d’accidents industriels (Sony redouterait 75 millions de dollars de pertes). Destin absurde d’un film conspué avant même sa sortie, sur la foi de deux griefs : non contentes de profaner le grand sanctuaire eighties, les nouvelles chasseuses de fantômes rouleraient pour les FEMEN. Au-delà du phénomène de meute propre à la no go zone qu’est Twitter, il faut bien dire que le studio doit ce procès d’intention à sa propre erreur : avoir cédé à la logique promotionnelle très en vogue du placardage, précisément, de bonnes intentions progressistes. Au cours de sa campagne, S.O.S Fantômes a en effet tout misé sur l’annonce d’un véritable pack Judith Butler livré avec le produit d’appel – une resucée nostalgique en règle.  

Le drame, c’est qu’une fois confronté au résultat, on ne sait plus bien qui, de la resucée et du programme féministe, est là pour permettre à l’autre d’exister. C’est qu’étant agité par une lutte constante entre deux promesses contradictoires (excaver le passé, briser la tradition), S.O.S Fantômes n’a pas de centre. Paul Feig ne cache pas longtemps son peu d’intérêt pour le récit, situé dans un New-York contemporain où la petite entreprise des ghostbusters originels n’a jamais existé. L’intrigue rejoue celle du premier volet, depuis les labos miteux de l’université jusqu’au sauvetage du monde sous les projecteurs. L’idée étant donc d’utiliser les conventions du reboot pour s’adonner à une forme de révisionnisme gender. Pour aller vite, il s’agira de prouver à ceux qui en doutaient, avec une lourdeur sans pareille (insistance sur l’aspect phallique des pistolets à protons, ce genre de choses), qu’un quatuor de femmes peut aussi inventer des pièges à ectoplasmes, user d’un imbitable jargon technique, et s’envoyer des vacheries tout en neutralisant des spectres baveux. 

Non seulement cette logique mimétique va contre les fins subversives du projet – puisqu’au fond, les héroïnes répètent les exploits de leurs prédécesseurs mâles comme des singes savants, sans tracer leur propre voie -, mais Paul Feig semble croire que la féminisation de la franchise le dispense de prendre au sérieux la chasse aux fantômes. Ce que les films d’Ivan Reitman, eux, ne manquaient pas de faire. Le premier transformait les élucubrations nerdy de Dan Aykroyd (auteur de l’idée originale) en petite fable néolibérale, tirant de leur fac minable les glandouilleurs de Stripes ou d’Arrête de ramer, t’es sur la sable pour leur faire sauver New-York grâce aux joies de l’entrepreneuriat. Le second imaginait naïvement la purification par nos héros d’une cité viciée, rongée par la violence (pas besoin de tolérance zéro : il suffisait d’inverser l’énergie négative du slime rosâtre). Ayant identifié lui aussi la préoccupation de son temps, Feig se contente de rappeler que ses chasseurs sont des chasseuses, sans jamais nouer de lien entre l’entreprise de ces dernières et la lutte pour l’empowerment féministe. Jamais, si ce n’est au détour de la métaphore navrante servie en plein climax : menacée par son ennemi qui a pris la forme du logo Ghostbusters (!), Melissa McCarthy lui envoie une bonne volée de protons dans les bijoux de famille. Bienvenue en 2016.

Il semble donc qu’aux yeux de Feig, doubler les enjeux de l’épopée soit superflu : ses ghostbusters sont des femmes, et c’est déjà pas mal. À moins qu’il faille comprendre – mais restons sérieux –  que puisque les femmes sont ontologiquement en lutte contre le système, leur percée en haut de l’affiche est par conséquent une épopée en soi. D’où la consistance faiblarde des personnages, extirpés tels quels du giron du Saturday Night Live et jetés dans un concours flagada de vannes cinglantes et de moues suggestives. Les chasseuses sont d’ailleurs un peu moins des personnages que des memes ou des GIFs prêts à l’emploi – à l’image de Kate McKinnon, préposée aux grimaces intempestives depuis la profondeur de champ. Inutile donc de chercher bien longtemps la raison d’être du film dans la croisade égalitaire ou dans la fixette eighties : l’un et l’autre ne sont que le recto et le verso d’un même billet d’absence, celui d’une pop-culture qui abdique une nouvelle fois devant sa propre peur du vide.

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  1. C’est un énorme étron avec des personnages dégueulasses qu’on essaye de faire passer pour « Les vrai femmes de 2016 » et c’est sans doute ce qu’il y a de pire dans beaucoup de domaine

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