Dewey Finn est un excité de la guitare. Un ramassis de clichés du rock, couvrant plusieurs périodes, des solos de vingt minutes à la gratte aux plongeons dans la foule sans compter les effeuillages à la Iggy Pop. Trop exubérant au goût de son groupe qui le vire à la veille d’un tremplin rock, il fatigue également son colocataire, ex batteur devenu prof suppléant, pour ses parts de loyer impayés. Pour pallier la situation, il se fait passer pour un enseignant dans un collège privé, du genre Poètes Disparus Castor poche. Désormais, pour la classe, matière unique : le rock. Une aubaine pour l’acteur Jack Black (High Fidelity, L’Amour extra large), comique et membre d’un groupe à ses heures perdues, qui trouve là un rôle taillé sur mesure, tout en mimiques, grognement et autodérisions cool. Mais sur l’étendue d’un film de Richard Linklater, faux auteur nombriliste et mou, ce costume s’étrique, agace très vite, pour sombrer rapidement dans le renoncement total.

Incapable de gérer l’hystérie de Jack Black, le cinéaste se contente d’enregistrer tout en fausse modestie. Du coup, la charpente du film -l’hystérie de Jack Black- se pourrit petit à petit jusqu’à l’affaissement total. Affaissement plus que fracas, le film se raccrochant mollement mais sûrement sur les autres. Plus fan que rock’n’roll, Rock Academy, confie aux standards du genre sa boite à rythme, et c’est comme ça qu’il se laisse voir jusqu’au bout, Linklater nous faisant passer ses disques, dans une confusion sympathique d’époques et de genre. Meilleure séquence : un récit accéléré clipesque où Jack Black fait décortiquer à sa classe la gestuelle de ses idoles par une étude vidéo. Le film s’accorde enfin, fin collage de passion et de ringardise, grand moment où la théorie par l’absurde du scénario trouve son aboutissement. Ensuite, rien ou pas grand chose, du simple pilotage automatique.

Une dérive qui aurait pu s’avérer fascinante, mais que le postulat gentillet du projet anesthésie d’avance. Pourtant raplapla, le film garde quand même la foi en une image, un décadrage ou une convention satirique. Une confiance en soi assez fascinante qui lui permet de se contenter de ses intentions, comme s’il n’avait même pas à exister concrètement pour que ses auteurs en tirent profit. Jack Black tient un premier rôle très personnel et peut faire ce qu’il veut. Linklater aborde Hollywood en auteur indiscuté (le rock, c’est culturel). Pourtant discuter culturel, discutailler plutôt, c’est finalement la constante du cinéma de baudruche dégonflée de Richard Linklater. Sous ses aspects de grosse machine Disney, Rock Academy s’avère plutôt un film d’auteur. Un piètre.