Troisième long métrage de l’auteur, après Villa Mauresque (1992) et Le Traité du hasard (1998), Quand je serai star est, on peut dire, un drôle de film. Drôle, car s’il fallait chercher une quelconque ressemblance avec l’un de ses contemporains, nul doute que l’exercice s’avèrerait bien difficile. Quand je serai star semble tout droit sorti des années 80, tendance La Nuit porte-jarretelles de Virginie Thévenet, réalisatrice de la même génération que celle de Patrick Mimouni et auteur de ce mini-culte du milieu des années 80 (d’ailleurs que fait-elle aujourd’hui ?). Nul doute que le cinéaste joue là une importante part d’autobiographie, cet aspect ne contribuant pas peu à la fine membrane mélancolique que dégage le film, même si par ailleurs, il est (le film) plutôt gai comme un pinson.

Cette histoire où un fils homosexuel à l’orée de la trentaine (l’étonnant Yvan Fahl) se détache peu à peu de sa mère envahissante, jouit d’un art renversant du dialogue et d’une galerie de personnages tous plus ou moins à l’ouest, contribuant à cette tenace impression de rêverie volubile qui après un début incertain donne au film son rythme mélodieux. Bavardages, caquetages, discussions de crise, c’est peu dire que les personnages sont loin d’être des puits de silence, jamais mutiques mais au contraire parfaitement à l’aise avec les mots, ronds, savants, châtiés, à la lisière de ce qui sépare l’être de la représentation. Car ce que filme Mimouni, ce sont des dandys, des personnages incapable de se conformer à un moule social et qui font de cette originalité une sorte d’éthique de vie, perdus quelque part entre panache et ridicule, amour de la beauté du geste et vague conscience désabusée de la vanité des choses. Il n’est que voir Arielle Dombasle dans son rôle de mère ayant dilapidé la fortune familiale, inénarrable mondaine vivant au dessus de ses moyens, où encore sa copine Eva Ionesco, particulièrement à l’aise dans l’art de lancer de cinglantes phrases politiquement incorrectes, pour comprendre le doux désastre dans lequel baigne le film.

Pas question pourtant de conférer à ce petit monde un aspect décadent ou viscontien. Rien de déliquescent ici, plutôt une sorte de joie enfantine à nier les malheurs du monde (les siens comme ceux des autres), à vivre continuellement dans une insolente bulle de ravissement. Ce qui n’empêche pas une lucidité acérée, cette attitude n’étant rien d’autre qu’une façon de concevoir le monde à sa sauce et de l’affirmer outrageusement comme tel. Cette profession de foi, qui pèse parfois comme un curieux fardeau sur le personnage principal (devenir adulte est son beau souci) contribue d’ailleurs totalement au charme suranné du film à l’heure où le monde semble se défaire peu à peu de cet idéal jouisseur et iconoclaste.