Après Wes Craven La Musique de mon coeur), c’est au tour de Sam Raimi d’être atteint par le syndrome « film sérieux ». Le réalisateur de la trilogie Scream s’est montré peu convaincant dans ce changement de registre et, malheureusement, il en est de même concernant Sam Raimi. Si surprenant que cela puisse paraître, ce réalisateur qui a su investir de manière brillante le cinéma de genre fait preuve d’une platitude consternante lorsqu’il aborde le « drame psychologique ». Ce passage à un cinéma soi-disant plus « adulte », en tout cas plus respectable, semble l’avoir totalement paralysé.
Pourtant les dix premières minutes du film font illusion. Billy Chapel (Kevin Costner), le lanceur vedette d’une équipe de base-ball, apprend coup sur coup qu’il va être transféré et que sa copine le plaque. Pour une fois, le cinéma américain va parler d’un loser, d’un homme vieillissant, plus très performant. Mais, en réalité, l’échec premier n’est que le point de départ d’une reconquête aussi bien sportive qu’amoureuse qui va durer pas moins de deux heures… Ainsi, tandis que Billy Chapel tente de gagner son dernier match, d’interminables flashes-back reviennent sur son histoire d’amour avec Jane (Kelly Preston). Bref, à nos tentatives désespérées de saisir les enjeux d’un sport aux règles absconses s’ajoute l’obligation de supporter une romance gnangnan digne de feu Barbara Cartland. Ah, le beau sportif qui séduit la jolie journaliste de mode ; Barbara, du fond de sa tombe, doit s’en mordre les doigts -du moins ce qu’il en reste- avec une telle histoire elle aurait confectionné un best-seller de plus. Bien évidemment l’équipe remporte triomphalement le match et Billy retrouve Jane.
Pour l’amour du jeu aurait été réalisé par un quelconque tâcheron hollywoodien qu’on n’aurait pas vu la différence. Inévitablement, un triste parallèle s’établit entre la trajectoire de ce sportif finissant et la carrière de Kevin Costner. Cinéaste et comédien adulé au début des années 90, Kevin Costner n’a jamais pu renouveler le formidable succès commercial et artistique de Danse avec les loups (1990). Pour cette unique raison, certains trouveront le film émouvant, mais on est également en droit de trouver pathétique cette quête de gloire désespérée d’un acteur, devenu en l’espace de quelques années et de quelques superbes navets (Bodyguard, Waterworld, etc.) le summum de la ringardise.