Sans joie, ce troisième volet se traîne lourdement parmi les ors clignotants d’un Vegas plus squelettique que jamais, où les braqueurs eux-mêmes ne s’embarrassent plus de préliminaires, mais violent les casinos ici à coups d’hélitreuillage bourrins, là à coups de perçage du sous-sol par une foreuse louée pour l’occasion à Eurotunnel. C’est dire si, ici, tout le monde s’ennuie. Misère de la gonflette, gavage des additions, des synthèses boulimiques. Ocean’s 13 voudrait faire mieux que Ocean’s eleven et Ocean’s twelve, tout en les digérant après coup. Morne dialectique. C’est le lot, dira-t-on, des troisièmes épisodes. Qui ne manquèrent pas, ces derniers temps : Spider-man 3, Pirates des caraïbes 3… Ils ont tous en commun de se poser en synthèse des deux précédents volets, de les additionner. Mais à chaque fois, l’idée de base s’étant fait la malle, ne reste plus qu’une pâtée indigeste.

C’était pas mal, Ocean’s eleven & Ocean’s twelve. Pas mal. Des films de glisse, parfaits pour l’été. Costumes satinés, smartittude et sourires en coin – what else ? Tout est parti dans Ocean’s 13. La classe un peu vulgos, la virtuosité un peu fastoche, le plaisir d’offrir, la joie de recevoir – envolés. Il fallait voir à Cannes 2007 – où le film était présenté hors compèt’, histoire de dire – les efforts pathétiques du casting pour singer une franche camaraderie dont :
– on se fout bien,
– on peine à sentir la sincère sincérité.

A les voir rivaliser de blagues mimis et de chambrage prêts à publier, les acteurs faisaient peine à voir : ces gars-là s’ennuient, les boys de George virent bronzés. Ce qui manque à ce troisième acte ? Le pognon, pardi. Non que la production du film en soit dépourvue, loin de là, mais la monnaie a disparue, remplacée par des dollars virtuels vibrant au-dessus des crânes de joueurs de roulette. Plus de coffre à percer, de chambre forte à pénétrer. Le motif érotique du hold-up évacué, ne reste qu’à enfoncer la porte au bulldozer et sans amour. L’action est bennée dans un tintamarre d’embrouilles illisibles. Le film est à l’image d’une Ellen Barkin plus customisée que jamais, camouflant son allure de Sue Ellen blondasse sous une carrosserie de BM volée. Rien d’autre qu’un tue-glamour que l’on reluque histoire de, l’oeil éteint, à peine sollicité par les pirouettes du petit acrobate chinois se faufilant parmi les ascenseurs qui montent et qui descendent, risquant sa vie alors que tout le monde s’en fout.