Confusion des sentiments au pressing. A l’image de leur boutique, Nicole et Jean-Marie vivent depuis 15 ans dans un univers parfaitement rangé. Une vie sans grand relief dans une ville moyenne de province. Une vie consacrée à éliminer les moindres taches. Et puis un soir, tout va basculer…Sur la scène de La nuit des temps, une discothèque de la région, un jeune garçon, pour le moins troublant, fait un numéro de travesti avec Maryline, sa soeur. Il s’appelle Loïc, il a une gueule d’ange et joue à l’occasion les entraîneuses…Plaisir des sensations fortes, frissons et délices de l’interdit, Nicole et Jean-Marie se laissent peu à peu prendre au jeu de la séduction. Mais avec le temps, des sentiments plus profonds apparaissent. Des sentiments… inconcevables.Avec ce troisième long métrage, Anne Fontaine annonce clairement la couleur. Elle souhaite déranger le spectateur et elle y réussit parfaitement. Elle rend crédible l’histoire de ce Nettoyage à sec et nous donne à voir l’indicible, la complexité du désir, le trouble et les contradictions qui en découlent.Ses personnages, sans exception, voient tour à tour leurs sentiments évoluer vers quelque chose qui leur échappe. Nicole, pour la première fois de sa vie, lève le nez des draps de ses clients et se laisse doucement gagner par un émoi sensuel et sexuel. Une vraie révélation : pour elle, plus question de revenir en arrière, comme elle le dit à son mari quand celui-ci sent la situation lui échapper. Jean-Marie conçoit une certaine émotion à la présence du jeune homme et cherche à tout prix à éliminer le désir coupable qu’il sent monter en lui. Répétant, histoire de s’en persuader, qu’aimer un garçon est dégueulasse. Loïc, quant à lui, sous son air frondeur, est sûr qu’il est amoureux de Jean-Marie, mais néanmoins certain de ne pas être pédé.Une des grandes réussites du film d’Anne Fontaine tient entre autres, dans son casting impeccable. C’est un véritable plaisir de retrouver Miou-Miou dans un rôle aussi fort (elle exploite toute la gamme des sentiments). Charles Berling apporte toute sa subtilité à un personnage complexe -le moins apte à se « lâcher ». Sans oublier la véritable révélation du film, le jeune Stanislas Mehrar, dont Nettoyage à sec constitue l’impressionnant baptême cinématographique.Sur un sujet casse gueule à souhait, Anne Fontaine signe un film subtil, intense et provocateur qui vous laissera exsangue. Après la réussite de Post coïtum, animal triste (de Brigitte Rouan), ce film nous offre une nouvelle photographie pertinente des affres de l’amour et de la sexualité. C’est l’une des très bonnes surprises (avec Western et J’irai au paradis car l’enfer est ici) de la rentrée du cinéma français.