Vous connaissez déjà le pitch : Sophie Marceau se transforme en Monica Bellucci. Comment ? Pourquoi ? Sur le comment, Marina de Van assure un minimum. Ça commence très vite : Marceau, biographe de son état et qui affirme n’avoir pas le moindre souvenir de sa vie avant ses 8 ans, ne reconnaît plus son chez soi, se persuade que les meubles changent de place, etc. Sur des vidéos de famille, les siens font des gestes étranges. Puis, ils commencent à changer, la moitié du visage mangée par des traits inconnus. Le grain de beauté s’est déplacé, les yeux sont vairons, les tronches pas possibles. Et puis c’est son tour. Inquiétante étrangeté ? Oui, certes, et tout est dit. Trop d’effets ? Des maladresses ? Peut-être. Une certaine balourdise, un recours à la musique un peu ronflant, et surtout un jeu d’acteurs souvent précaire. Mais dans cette ambiance qui tend vers une zone zédisante, ça fonctionne malgré tout, du moins on se laisse aller au petit plaisir de la métamorphose, avec des effets spéciaux assez réussis.

Sur le pourquoi, le bât blesse. Maintenant, il faut justifier, et un deuxième film commence, à la rescousse du premier. Une histoire d’enfant adoptée tente d’élucider l’énigme. Très vite ça s’embrouille et très on décroche, on s’en fout. Elle n’est qu’un accessoire, comme si elle avait été choisie au hasard parmi d’autres. L’atmosphère de plus en plus bisseuse est alourdit par les nuages de la psychanalyse, du traumatique, d’un arsenal plombant. L’héroïne divague dans son passé, on remet une couche d’effets spéciaux histoire de rappeler d’où le film vient, mais c’est trop tard. Le comment, le pourquoi, c’est le problème du cinéma-pitch : le comment vous confirme (ou pas) que votre intuition / intention de départ était bonne (ou pas) ; le pourquoi vous rappelle qu’il ne s’agissait que d’une intuition / intention. Quand les idées sont séduisantes, il faut les mettre en crise, avant qu’elles vous dévorent.