Alors qu’une épidémie de zombiite aigüe semble frapper la planète, un couple sillonne la montagne à la recherche d’une base militaire où se réfugier. Lui est déjà contaminé, elle apparemment immunisée. En panne d’essence, ils échouent au pied d’un gigantesque bâtiment perdu dans les bois. On tape trop sur le cinéma de genre français et ses écueils rédhibitoires (raideur péteuse, quête de sens, fan-service) pour ne pas saluer ses quelques réussites. Aussi mineures soient-elles. Mutants est une toute petite chose, c’est vrai. Un film de zombies sans âme qui se paume quelque part entre 28 semaines plus tard et La Mouche sans jamais trouver son propre chemin. Mais qu’importe : l’affaire se joue ailleurs. Structure archétypale, resserrement des enjeux, économie de moyens et d’idées : c’est parce qu’il travaille a minima et garde le nez dans le guidon que Mutants surnage au milieu des épaves gonflées de Martyrs, Vinyan et consorts. Des vertus de l’humilité.

Pas de leçons de choses ici, ni de mysticisme compassé, juste une histoire d’amour en péril. Celle d’une femme qui assiste, impuissante, à la métamorphose de son mec, le regarde pisser du sang, perdre ses ratiches, pourrir sur pied, bref muter en bonne et due forme. C’est autant sur cette ambition narrative mesurée que sur la sauvagerie décomplexée de ses scènes d’action que le réalisateur David Morley marque des points. Ca n’a l’air de rien, mais ils ne sont pas si nombreux les newbies du bis à avoir pigé qu’à trop multiplier les enjeux on perdait de vue l’essentiel du genre : les tripes. Nul background, contextualisation ou épilogue foireux à l’horizon : la sécheresse de Mutantsest celle du survival, sa part d’inexpliquée un facteur d’angoisse. Alors oui, l’interprétation au radar plombe souvent l’émotion (qui avalera cette love-story ?), la photo désaturée est comme superposée au film, on n’évite ni les plans sur-signifiants ni l’antienne misanthrope du genre (le deuxième tiers, désastreux), mais la tenue, la franche horizontalité de ce premier film suffisent à le démarquer du reste de la production fantastique hexagonale. Tout n’est peut-être pas perdu.