Après La Dilettante, Pascal Thomas revient à ses premières amours, le portrait de groupe, tendance pointilliste. Dans la très cinématographique ville de Nantes, on assiste à la vie d’une quarantaine de personnages durant 36 heures. Une flopée de gens ordinaires dont le dénominateur commun serait l’irresponsabilité des adultes face à des enfants souvent plus matures. Le cas extrême étant celui incarné par le personnage principal Martin Socoa (Vincent Lindon). Joueur invétéré, criblé de dettes, Martin est censé passer la journée (le fameux mercredi du titre) avec Victoria, sa fille. Une lourde responsabilité pour un homme qui cumule les emmerdes -compagne excédée par ses frasques qui le met à la porte, créanciers impatients à sa recherche, procès pour pension alimentaire non versée- et dont la fille est pour le moment le cadet de ses soucis.

Cinéaste singulier, Pascal Thomas réussit admirablement à donner vie à cette communauté où le moindre petit rôle a son importance. Des gestes insignifiants et des micro-événements remplissent une journée de 36 heures assez vide. Le film parvient pourtant à y distiller une belle douceur de vivre, en particulier dans les scènes avec les jeunes fugueurs descendant une rivière en bateau et traversant des paysages bucoliques superbement éclairés. Et dans cette comédie de moeurs touchante, les rares ruptures tragiques du récit -notamment l’histoire d’une droguée interprétée par Isabelle Carré- n’en sont que plus poignantes. Dommage que dans ce plaisant papillonnage tragi-comique, les personnages soient un peu trop en quête de mots d’auteur. Des répliques exagérément écrites gâchent ce naturel qui fait tout le prix des films de Pascal Thomas. Et si ce dernier est l’un des rares cinéastes à s’abstenir de toute niaiserie lorsqu’il filme des gamins, il tombe ici parfois dans l’excès inverse : une vision par trop idyllique et nostalgique de ce fameux esprit d’enfance, subtil mélange d’innocence et de sagesse. Ce que l’on retiendra avant tout, c’est la simplicité et la tendresse d’un cinéaste pour ses personnages qui font de Mercredi folle journée ! un film on ne peut plus attachant.