Après le sympathique People jet set 2 la semaine dernière, nouvel énergumène de la comédie à l’ancienne. Curieux à quel point le temps est au « marche arrière toute », et comment les traditions sont remises au goût du jour pour servir de base au déploiement d’un petit comique tout communautaire. Comme Mariages ! il y a peu, Mariage mixte attaque gentiment le thème nuptial, cette fois non plus selon l’oppositions ancienne / nouvelle génération, mais en faisant s’affronter les communautés : d’un côté une petite famille de juifs séfarades, de l’autre un clan vieille France médiévale d’extrême-droite. Soit Lisa Zagury (Olivia Bonamy) et Jean-Christophe Dupreux (Thomas Jouannet), deux amoureux qui n’ont évidemment rien à faire de tout ça et qu’aucun barrage, fut-il de la taille d’un père magouilleur et possessif (Gérard Darmon), ne pourra remettre en cause.

On connaît la chanson : opposition truculente des communautés jusqu’à l’embrasement du banquet final, où tout éclate pour qu’après les morceaux se recollent comme par magie. Alexandre Arcady nous avait déjà bien fait pitié avec son dernier film, néo-polar raciste et vaseux (Entre chiens et loups). Le revoici dans ses terres, entre saga TF1 et comédie riquiqui. Ce qui ici irrite au plus haut point n’est pas tant ce côté minable et télévisuel, plutôt le fond très arrogant de l’ensemble. Armé de ses personnages hauts en couleurs, Darmon et Benguigui en tête, le cinéaste empile les scènes de manière lâche et distendue sans que ne perce la moindre envie de cinéma. Vus mille fois, et mille fois mieux dans La Vérité si je mens 1 et 2, humour séfarade et complaisance communautaire laissent ici une impression de résidu comique usé jusqu’à la moelle. Accent du soleil, quiproquos boulevardiers, exotisme facile : tout cela fait autant illusion qu’une retraitée niçoise brûlée aux UV qui voudrait se faire passer pour une bimbo dernier cri.

Le film étale ses marques et subventions publicitaires à chaque plan. Ecœure la roublardise poussive d’Arcady, cette façon d’enrober son caca (repli, vulgarité, mysoginie) dans une fausse bienveillance emphatique et scabreuse (surjeu continuel, humour beauf, fumisterie de la réalisation). Rien de plus obscène au fond qu’un tel film, où la gentille trogne intérimaire (le personnage de Benguigui) se retrouve par exemple réduite à l’état de cadavre embarrassant, trimballée comme une vulgaire crotte de pigeon. Tout cela feint de rejoindre une belle tradition comique, commedia dell’arte ou petit théâtre napolitain, mais ne pas s’y tromper : pas la moindre humanité là-dedans, pas une trace de générosité, juste la parade funeste d’une bande de guignols concupiscents et rancis.