Le problème, avec ce type de projet, c’est la difficulté d’échapper à une logique de gradation extrêmement mécanique. Soit : Alice, jeune américaine manifestement fragile, pour ne pas dire plus (légèrement perturbée ? carrément psychotique ?), vient rentre visite à sa cousine avec sa bande d’amis au Chili et s’adapte mal à l’ambiance plus festive, plus débridée que ce à quoi elle est visiblement habituée. On voit bien comment tout cela va tourner : la gêne va progressivement se muer en terreur, le garçon (lourdement) insistant en quasi-tortionnaire… Le film se fait un devoir d’accumuler ainsi les signes du bizarre, enfonçant un peu plus le clou chaque fois jusqu’à un final franchement grand guignol.

Le film étant à ce point limité dès le départ, restent les à-côtés. On voit, on sait, comment le climat général va évoluer. Peut-être est-il possible, du moins, de mettre le doigt sur de petites choses un peu inhabituelles. De ce point de vue, sans être époustouflant, le film n’est pas nul, proposant au fur et à mesure quelques idées notables. On peut être séduit, notamment, par la peinture de ces personnages de jeunes expats américains, du boyfriend chilien et de sa sœur, étudiante plus âgée : tous assez bien croqués, les acteurs s’imposant sans difficulté dans des rôles de toute évidence créés pour eux, avec eux, et pour lesquels ils n’ont pas besoin de beaucoup forcer.


C’est là, lorsqu’il se contente de retracer les pérégrinations de sa bande, que Magic Magic s’avère le plus intéressant. Rencontré à Cannes, Michael Cera, dont on avait un peu perdu la trace depuis Scott Pilgrim, nous a avoué avoir passé un peu de temps en Amérique du Sud, à « se chercher », peut-être, en compagnie du cinéaste et de ses autres nouveaux amis. On devine ici quelque chose de cet ordre, quand bien même le film reste sans contredit une fiction (Cera lui-même, remarquable, avec sa teinture improbable et ses maniérismes, ne peut être accusé de jouer paresseusement son propre rôle). Pas de quoi faire contrepoids au sentiment général de vacuité qu’inspire le film ; cependant, comme (faux) film de vacances, docu sur ou avec ses acteurs, Magic Magic trouve indéniablement un écho.