Attention, voilà le mélo larmoyant de ce début d’année… La bonne histoire labellisée simple et dramatique avec de véritables stars : un splendide tremplin pour les Oscars… Préparez vos mouchoirs ! Ma meilleure ennemie est un film produit pour exciter les glandes lacrymales comme d’autres le sont pour faire peur, pour émerveiller, ou pour faire rire.
Luke (Ed Harris) est divorcé et entretient de bonnes relations avec Jackie (Susan Sarandon) qui est la mère -parfaite et attentionnée- de sa fille et de son fils. Il vit maintenant avec Isabel (Julia Roberts) qui n’a pas d’enfants et qui a quinze ans de moins que lui. Celle-ci a beaucoup de mal avec les deux bambins, surtout avec l’aînée en pleine crise d’adolescence. Jackie n’apprécie pas Isabel : c’est la guerre permanente entre elles ; tous les sujets sont bons… Tenues vestimentaires des mômes, horaires des cours particuliers, musiques écoutées, etc. Jusqu’au jour où Jackie apprend qu’elle est atteinte d’un cancer incurable, et qu’elle prend conscience que c’est Isabel qui s’occupera de ses enfants après sa mort. Commence alors un douloureux apprentissage de l’amitié entre les deux femmes tandis que le reste de la famille se prépare au deuil…

Le tâcheron Chris Colombus, l’inoubliable réalisateur de Maman, j’ai raté l’avion, et de Madame Doubtfire, est en passe de devenir un faiseur correct, car autant le dire : Ma meilleure ennemie, en dépit de tous ses clichés éculés, fonctionne pas trop mal. Bien entendu, rien ne nous est épargné : de l’ultime Noël en famille à la révolte de la benjamine, en passant par les interrogations naïves du petit dernier et le désarroi viril du père, le pathos est présent. Mais, à la différence d’un grand nombre de films niaiseux (Tender Mercies pour ne citer que lui), où il devient le seul ressort dramatique, le pathos, ici, est le moteur de la fiction, et non pas celui de la mise en scène -académique, sans surprise, mais simplement juste, ce qui n’est déjà pas si mal. Comme un éloge paradoxal de la justesse de commande contre le point de vue foireux, cette petite différence de traitement fait que nous évitons le grand film prétentieux bercé par les longs violons de John Williams pour se laisser émouvoir par quelques belles séquences qui nous tirent la larme à l’œil. Mention spéciale pour l’interprétation de Susan Sarandon. Sans -bien entendu -atteindre le centième de l’intensité d’un flamboyant mélo de Douglas Sirk, Ma meilleure ennemie est un film kleenex qui a le parfum suave des vieilles histoires tristes, et qui sait faire rougir nos yeux à défaut de les illuminer.