Dans le genre de plus en plus lâche du teen-movie, le film de lolitas fait fureur. A côté du must du genre, le beau et tragique Thirteen, Lolita malgré moi pourrait être une sorte de micro-étalon aigre et cynique, tant l’ambition étriquée de son intrigue s’affine en pur programme comique, lutte entre diverses castes de lolitas où tous les coups sont permis. La jeune héroïne du film, une nouvelle fraîchement débarquée, se voit obligée de négocier avec la terreur du lycée, membre du trio des « Plastiques », reines du glamour et de l’artifice qui règnent sans partage sur le reste du monde.

Le monde, ici, se limite bien sûr aux murs d’un vaste campus transformé en jungle de séduction. Cette façon de tout plier à la loi de l’apparence, d’organiser l’ensemble des étudiants en autant de catégories zoologiques (punks, lesbiennes, intellos, tueuses) se fond dans une esthétique si acidulée qu’elle transforme le film en satire tout à la fois triviale et sophistiquée du monde scolaire. La distance avec laquelle sont traitées toutes les situations, la légèreté des rebondissements et même une certaine élégance de la mise en scène permettent à chaque instant au film de retomber comme sur coussin d’air, repartant de plus belle à l’assaut de son horizon inatteignable : alchimie d’une beauté uniforme et archi-codifiée, close sur elle-même.

En mettant constamment en échec ses ambitions, Lolita malgré moi s’affiche en parfait petit produit cynique. A mesure que la fiction s’échauffe, l’ensemble crépite et flamboie, dépassant d’assez loin les médiocres productions du genre. Cette industrialisation des codes du lolita-movie, sorte d’usine à gags totalement programmatique, n’est pas sans rappeler le burlesque du récent Dodgeball, entre agressivité et joies douces de l’entertainment le moins ambitieux qui soit.