Quand un scénariste passe à la réalisation, ce n’est pas toujours très heureux. C’est le cas de Loin de la terre brûlée, pensum du scénariste attitré d’Inárritu, cinéaste lui-même pas vraiment léger. Mélangeant deux époques, le film d’Arriaga commence par l’explosion d’une caravane dans le désert mexicain, carbonisant deux amants adultères (Kim Basinger et Joaquim de Almeida). A l’autre bout du spectre temporel, 15 ans plus tard, à Portland, une jeune femme (Charlize Theron) va de conquête en conquête, incapable de plaisir et d’épanchement des sentiments. Évidemment les deux histoires sont intimement liées comme on le comprend assez vite.

Passé un premier effet de curiosité, un certain savoir faire plastique (mais qui tourne un peu à vide) le film s’effondre rapidement derrière sa démonstration alambiquée, la savante architecture de son scénario, à l’instar de l’épouvantable Babel. Cette manière de créer tout un tas de connexions scénaristiques et de déterminismes comportementaux a quelque chose d’artificiel et de trop volontariste pour émouvoir. Le film est même d’un puritanisme assez antipathique, laissant planer sur les personnages un parfum d’accusation permanent qui l’empêche d’accéder au relativisme renoirien (chacun à ses raisons) et rappelle les pires heures du film à thèse. Si Charlize Théron se scarifie, vit dans la dépression permanente et couche à tout va (ici on ne fait pas dans la dentelle), c’est qu’elle a vécu un grand drame il y a longtemps : le film assène cette idée avec un tel sérieux papal qu’on est vite pris de torpeur après quelques minutes de projection. Chaque image semble le commentaire d’une idée, incapable d’exister simplement pour elle même, dans la seule force du présent.