L’arrivée d’un Bean au printemps, c’est comme une cocotte en chocolat, c’est pas très bon, mais quand même ça fait plaisir. Malheureusement, malgré toute la sympathie qu’on peut avoir pour le benêt en pantacourts, ses tribulations perdent terriblement de leur inventivité en passant de la télé au cinéma. Bean (1997) et Johnny English (2002) nous y avaient préparés.

Dans ses dernières aventures, Mr Brean traverse la France au soleil pour débarquer à Cannes, mais le road movie s’accroche à sa route plan-plan, préférant comme souvent son scénario qui joue la montre à son gagman pro. Dommage que les comiques soient à ce point bridés par des réalisations impersonnelles. Les bons sentiments, les personnages secondaires et les péripéties prennent le dessus et le gag rame. Rien de pire qu’une rencontre avec un enfant, ici un gamin perdu colle aux baskets de Bean, pour ralentir la fuite en avant d’un burlesque.

Quand même le film rappelle le bon vieux temps du gag : bonne école pour les enfants. Bean traverse les rues comme Keaton, marmonne comme Tati et les mimiques de Rowan Atkinson restent d’une laideur difficilement résistible (pas la peine de faire le malin, avouons que l’affiche attire l’oeil). Au dessus du lot, deux scènes plus originales mais mal épuisées : une scène en soldat allemand où Atkinson s’essaie au salut nazi et au défilé militaire pour finir une jambe bloquée en l’air (mix inattendu des deux), et un épisode sur l’autoroute à lutter contre le sommeil avec assoupissements éclair et réveils à l’allume-cigare. Mention spéciale aussi pour Willem Dafoe en réalisateur pédant d’un film ferrarien. Avant le happy end convenu, au cours d’une projection cannoise, Mr Bean passe dans la cabine de projection et bidouille un drôle de montage entre les images vidéo de ses vacances et la voix off poseuse de Willem Dafoe, le résultat laisse rêveur. Et si Bean prenait les commandes et faisait son film tout seul à coup de gags à la pelle ?