Parallèlement aux teen movies, marqués au fer rouge par l’incontournable échange de baiser entre amoureux bourgeonnants, il existe un autre genre qui se concentre, lui, sur la délicate étape du dépucelage. Trash dans Kids de Larry Clark, plus romantique dans La Puce d’Emmanuelle Bercot. Dans Les Autres Filles, c’est Solange qui s’y colle. Ses copines l’ont déjà fait… alors elle ne peut pas rester de l’autre côté ! Le temps de l’adolescence, en effet, apparaît comme essentiellement binaire : il y a l’avant et l’après, parce que « ne pas l’avoir fait, c’est la honte ».

Elève-apprentie en école de coiffure, l’héroïne de Caroline Vignal évolue au rythme de ses tentatives de rencontres amoureuses. Cheveux longs de petite fille puis coupe ultra-féminine, Solange choisit finalement de se coiffer à la garçonne. Pour se distinguer d’une mère séductrice, elle refuse d’apparaître en jeune femme servile soumise au désir de l’homme. Il lui faut donc apprendre à se livrer à sa façon… sans maquillage outrancier, ni minijupe aguicheuse. Comme dans La Vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky, Solange séduit un homme dans le contexte anonyme d’une boîte de nuit et se laisse entraîner par lui. Mais cette fois-ci n’est pas la bonne. Alors, le plus naturellement du monde, Solange choisit un étranger, quelqu’un qui ne la comprend pas, pour passer une nuit avec lui.

Julie Leclercq, boudeuse à souhait, porte pratiquement à elle seule le film. Coup d’essai réussi pour ce premier long métrage, chronique intimiste mâtinée d’humour peignant avec une réelle justesse les errances de l’adolescence.