Réalisateur des mythiques Exhibition 1 & 2 (l’âge d’or du X poilu des années 70), mais aussi de Chaussette surprise quand il ne fut pas producteur de Arrête de ramer, t’attaques la falaise !, Jean-François Davy est de retour parce qu’il a toujours su ce qui marchait. Et ce qui marche, ces temps-ci, c’est le cinéma certif’ et culottes courtes qui, de Choristes en Fautes d’orthographe, de Monsieur Batignole en Temps des porte-plumes et jusqu’aux émissions de télé-réalité idoines (« Le Pensionnat machin »), fait le tour de la France, une France imaginaire, celle de Raymond Poulidor et de la rue Gama. Ça marche : visant un public grosso modo du même âge que les enfants / témoins des vicissitudes du monde des grands qui les peuplent à chaque fois, ces films-là font toujours du beurre, et de l’argent. Pour combien de temps encore ? Le temps d’épuiser le filon, et que ces films qui se ressemblent tous s’annulent enfin les uns les autres, que l’on puisse passer à autre chose, une autre mode. Leur délabrement, de toutes façons, est inscrit dans leur programme : nul regard en arrière qui leur assurerait une forme de pérennité, puisque le passé ils se contentent de le secouer comme un vieux soda pour en faire remonter une pulpe rance, la nostalgie d’un temps jadis, un regret. On ne fait pas d’histoire (avec ou sans majuscule) avec des regrets, ou alors c’est qu’on a dépassé allègrement la date de péremption.

Mais Les Aiguilles rouges n’est-il que ça, une évocation des années certif’ ? N’est-ce pas plutôt le récit trépidant, genre bibliothèque verte, d’une mésaventure vécue par des scouts perdus dans les Alpes (alerte rouge : histoire vraie) ? Si, mais c’est la même chose, un ramassis de bons sentiments et d’attendrissement sur les bonnes bouilles, le bon sens, la bonne innocence des louveteaux. Du cinéma bonne maman qui ne s’avoue pas tel, mais préfère se replier devant le genre « portrait d’enfance » mâtiné de clins d’oeil léger comme des fondues savoyardes (et vas-y que je te singe Les 400 coups). Les enfants du passé (aujourd’hui spectateurs des films, donc), sont les petits tyrans qui régentent ce genre-là. Incarnés par d’épouvantables têtes à claques qui s’acharnent violemment à jouer comme les grands -mention spéciale à Damien Jouillerot, atroce-, les gosses sont le plus facile, et partant le pire gage de sincérité qui soit. Les Aiguilles rouges est une pauvre chose pas bien méchante, c’est vrai, mais son côté best of de la moisissure le rend insupportable : nostalgie gluante + enfants-rois + classe nature et découverte + pudding de leçons mièvres sur la vie -n’en jetez plus.