Ambiance millénariste oblige, voilà que des bébêtes venues du fond des âges refont surface pour la plus grande frayeur des petits êtres que nous sommes. Mascotte officielle de la superstition médiévale, le dragon revient de nos jours, l’oeil vengeur et la narine fumante, pour imposer à la planète dévastée son règne pyromaniaque. Pas de destruction du monde en live façon Godzilla ici, mais une ambiance cendreuse et post-apocalyptique puisque l’action se déroule vingt ans après la prise de pouvoir des cracheurs de feu, alors que les humains semblent résignés à leur sort. En Angleterre, ou ce qu’il en reste, une petite communauté dirigée par un certain Quinn -celui qui, le premier, a vu les dragons- tente de survivre en autarcie et d’assurer la continuité de l’espèce en dorlotant une ribambelle d’orphelins. Leurs jours plus ou moins tranquilles (au théâtre ce soir : Star wars revu et corrigé pour la plus grande joie des mômes) sont bouleversés quand débarque un Yankee tatoué, Van Zan, sorte de Saint-Georges en rangers. Arborant une dent de dragon en guise de trophée, il se targue de zigouiller du volatile à la pelle et tente d’embarquer les membres les plus virils de la troupe à la chasse aux bestioles. Les héros anglais hésitent alors entre pulsions « US go home » (« les Américains, c’est pire que les dragons », c’est eux qui le disent) et prise en compte du nouvel ordre mondial (hors de l’Oncle Sam et son armada, point de salut).

Cette série B relativement sympathique, si elle peut compter sur un petit folklore grand-breton et d’honorables effets spéciaux pour se démarquer de ses congénères estivales, pâtit toutefois d’un propos faiblard et sans passion. Que l’on songe au dernier Carpenter, le teigneux Ghosts of Mars, qui, sur un sujet similaire -une alliance improvisée et contre-nature pour vaincre l’ennemi- se transformait en un impétueux brûlot politique sur l’avenir des communautés humaines. Le Règne du feu, mise à part quelques idées joyeusement sadiques (la troupe de Playmobils balayée en une fraction de secondes par le cracheur de feu, comme un fétu de paille) et quelques tentatives burlesques avortées (la vision en caméra embarquée dans l’œil du dragon, le mercenaire ricain qui attaque la bête à la hache et se transforme en cure-dents dans la seconde), s’en tient au commentaire poli de l’action, à une vague ambiance héroic-fantasy et au glamour d’un Paul et Virginie à Liverpool. La différence avec Carpenter est justement là : d’un côté une lutte sans idéal pour la survie, de l’autre un pâle romantisme éphémère, des héros d’un jour cognant du dragon entre deux récoltes de tomates. Entre les rebelles et les mercenaires, on choisira toujours les premiers.