A la fin de ce pique-nique totalement incongru, une seule question vient à l’esprit : pourquoi ? Ce film a-t-il une ambition quelconque, qu’elle soit cinématographique ou autre ? A quoi sert-il ? Pas à divertir en tout cas. Sans rythme ni surprise, les réjouissances stagnent au niveau zéro. En fait, cette escapade montagnarde tente quelques variations mélancoliques rebattues sur la gloire et la solitude, l’amour et la passion, ainsi que le temps qui passe. Voilà ce que nous pouvons tenter d’avancer comme explication après 1h42 (chaque minute compte) de dialogues aussi interminables qu’insipides.

Jasha Steg, violoncelliste célèbre, se prend de passion pour Anna, une violoniste de son orchestre avec laquelle il a passé la nuit à Vienne. Lors d’un concert à Evian, Anna retrouve son mari, et Jasha ses parents. Lulu Kreutz quinquagénaire en mal d’amour entraîne tout ce petit monde dans un pique-nique en montagne. Chacun se retrouve alors face à ses démons, qu’ils soient virtuels ou de chair et d’os. A partir de ces quelques personnages monolithiques et aux contours superficiels, s’élabore une fausse tension qui repose en grande partie sur cette passion artificielle (voir la déclaration à genoux et bras en croix du soliste devant une Carole Bouquet à la sensualité torride) de Steg envers une Anna indécise. La fiction en reste là : Jasha aime Anna qui hésite. Alors il finit par bouder. Mais il y a aussi Philippe Noiret qui radote sur ses angoisses et déceptions, sur son admiration pour son fils et qui passe à deux doigts de la mort en digérant mal une terrine à base de foie ; Michel Aumont qui se saoule gravement avec Steg puis qui lève Stéphane Audran alors qu’elle a un mari gaga à la maison.

Devant cette brochette d’acteurs complètement perdus face à l’absence de pertinence du texte et d’enjeu dramatique des rôles (à part Philippe Noiret qui trouve la parade en jouant Philippe Noiret), surgit une dernière question : pourquoi ne pas avoir écrit une pièce radiophonique au lieu d’un film ? L’image de ce pique-nique a tellement peu d’importance -elle se trouve limitée à un emploi décoratif- que ce film aurait peut-être eu plus de charme à la radio.