Avant la rafale de spectres japonais bientôt en salles (Shimizu, Nakata, Kurosawa) nous arrive ce Pensionnat, petit film fantastique thaïlandais signé par Songyos Sugmakanan, réalisateur du film le plus rentable de son pays en 2003 : My girl. Auréolé de sa nationalité exotique, le film attire l’attention. Une langueur très particulière affecte les premières séquences. Un gosse est envoyé par ses parents dans une école où il devra rester plusieurs mois, et le scénario d’initiation (l’angoisse du nouveau débarquant dans un nouveau milieu scolaire) est immédiatement relayé par des événements surnaturels. Le gamin entre en contact avec un camarade noyé plusieurs mois auparavant et se lance dans une sorte d’enquête à la Club des cinq baignée de fantastique pré-pubère. Visiblement, le film s’adresse à un public très jeune, et déploie des trésors d’invention pour refaire ce que d’autres ont fait bien avant lui : intimidation des caïds, cruauté enfantine, rapport de force débouchant sur un rédempteur dépassement de soi.

Dans cette atmosphère gentiment nostalgique (le réalisateur termine le film comme une publicité Bonne Maman par une dédicace à ses anciens camarades de classe), Sugmakanan retrouve par instant la candeur et le sens du filmage à hauteur d’enfant de son premier long. Mais niveau fantastique, on en reste aux minimas de la série B la plus académique : vieilles histoires de folklore local, pendules qui s’arrêtent, boucles temporelles et lieux parallèles. Cela pourrait suffire à la condition que le réalisateur, apparemment peu concerné par l’entreprise, y mette un peu d’énergie. Mais la langueur (qu’on croit un temps exotique et tropicale, mais qui se révèle finalement pure fumisterie) laisse place à une série de faux raccords trahissant le bâclage avec lequel a dû être réalisé le film. Après le pétard mouillé The Eye des frères Pang, ce nouveau représentant du fantastique thaï ne risque pas de secouer la torpeur estivale, sinon en tant qu’Apéricube avant les feux d’artifice japonais à venir.